La dernière note de conjoncture économique de la Banque mondiale suggère le renforcement de la concurrence sur le marché des secteurs clés et l’amélioration du climat d’investissement. Malgré les réformes déjà initiées, le pays doit relever plusieurs défis notamment en termes de main d’œuvre pour attirer les investisseurs.
La croissance économique devrait s’accélérer à 4,7% en moyenne sur la période 2025-2027 indique la Banque Mondiale. L’économie de Madagascar est ainsi soutenue par des secteurs clés comme le textile et la mine. C’est justement dans ces secteurs que persiste le problème de la main-d’œuvre. Certains secteurs stratégiques, notamment l’industrie du textile ou les technologies de l’information, peinent à recruter du personnel compétent. Ce manque de ressources humaines spécialisées limite la compétitivité des entreprises locales et entrave leur développement.
« La main-d’œuvre est suffisante dans l’industrie du textile. Néanmoins, le principal défi reste la formation et le renforcement des compétences. Cela concerne non seulement les ouvriers, mais surtout le personnel encadrant et les ingénieurs. Il est important de souligner qu’aucune certification ou formation diplômante n’existe actuellement dans les domaines spécifiques à l’industrie textile », note le gérant d’une entreprise textile.
« Par ailleurs, les coûts élevés et les délais logistiques liés à l’acheminement des matières premières vers Madagascar, ainsi que les coûts de l’énergie créent un désavantage pour Madagascar, si l’on compare à d’autres pays. En outre, l’environnement des affaires, les réformes affectant le statut de la Zone franche et les difficultés à obtenir les agréments nécessaires freinent l’implantation et l’expansion des entreprises textiles », poursuit-il.
De son côté, le secteur de l’externalisation des processus métiers (BPO) et des technologies de l’information et de la communication (TIC) recrute massivement à Madagascar. Là encore, les opérateurs constatent « un manque de profils » surtout quand le domaine d’intervention est assez spécifique. « Le marché manque de profils spécialisés dans les domaines de la cybersécurité, de la conception et du développement IT. Bien qu’il existe de bons talents dans ces domaines, nombreux sont ceux qui choisissent de s’expatrier après leurs études », explique le directeur d’une entreprise BPO dans la capitale. « En revanche, d’autres emplois sont plutôt accessibles. Les employés dans les call centers sont principalement de jeunes adultes à l’aise au téléphone et maîtrisant le français sans accent. Ces derniers ont tendance à changer fréquemment d’entreprise de call center tout au long de leur carrière », ajoute-t-il.
La note de la Banque mondiale indique par ailleurs que la productivité à Madagascar a diminué ces vingt dernières années. « Un travailleur malgache est aujourd’hui trois fois moins productif que la moyenne en Afrique subsaharienne, avec un PIB par travailleur en recul de 0,2 % par an », précise le document. Les récentes enquêtes menées auprès des entreprises identifient plusieurs facteurs à cette défaillance de productivité dont l’accès restreint au financement, l’instabilité des services publics, notamment l’électricité et l’eau, ainsi que les incertitudes politiques.
Sur un autre plan, et malgré les réformes engagées, d’autres défis freinent également l’amélioration du climat des affaires à Madagascar. Parmi eux figure, les infrastructures insuffisantes, notamment routières. En effet, le réseau routier est défaillant et l’accès limité à l’énergie complique l’implantation des entreprises, réduisant ainsi l’attractivité du pays pour les investisseurs. Le cadre juridique, quant à lui, demeure perfectible. L’instabilité des réglementations et l’incertitude juridique génèrent un climat d’investissement fragile, freinant la confiance des entrepreneurs et des investisseurs étrangers. Enfin, l’accès au foncier représente également une difficulté majeure pour les investisseurs. L’acquisition et la sécurisation des terrains sont des processus complexes, ce qui constitue un frein aux projets de grande envergure et ralentit les investissements à long terme.
Tiana Ramanoelina