Les rues ont été maculées de sang ces deux dernières semaines. Au moins deux accidents se produisent chaque jour surtout dans la capitale malgache, même si statistiquement parlant, le nombre de morts est faible, se comptant par les doigts, contrairement à celui des blessés. Les dégâts matériels ne sont pas en reste, avec des véhicules en tout genre, réduits du jour au lendemain en tas de ferrailles.
La plupart des accidents de la circulation se produisent dans les portions de route bien entretenues, sans nids-de-poules (ni d’autruches) et en ligne droite, selon les remarques de la police. Certes il y a le cas des couvercles de dalle, volées par des individus malintentionnés, comme celles près du marché Pochard ou encore à Anosibe, surprenant parfois certains conducteurs, notamment ceux qui n’ont pas l’habitude de passer par ces endroits. Cependant, le taux d’accidents liés à ces problèmes d’infrastructures est
moindre.
Sur la rocade Tsarasaotra-Ivato par exemple, les accidents qui s’y produisent, engendrant généralement des pertes en vie humaine, surviennent à cause de l’imprudence des conducteurs, l’alcool au volant ou au guidon, l’excès de vitesse donnant tout son sens au concept de « rouler à tombeau ouvert »… Et, pour se justifier ou pour décliner leur irresponsabilité, les usagers de la route parlent de « lolo » (fantômes) comme sources d’accident. Or même si dans certains cas, des forces soi-disant surnaturelles poussent les conducteurs à commettre l’irréparable, les dégâts causés par une embardée à une vitesse de 30 km/h ne seront jamais les mêmes que ceux à 100 km/h.
A se demander si les accidents de la circulation devraient encore être rapportés dans la rubrique « faits divers » ou s’ils deviennent des « faits banaux », sauf ceux qui engendrent de pertes importantes notamment en vie humaine comme c’était le cas jeudi à Ambohimangakely. Si les chauffards et les motards imprudents étaient les seuls à en faire les frais, c’est leur problème, mais des fois des innocents en paient le prix fort. Il ne faut pas avoir peur des chevaux sous le capot mais de l’âne derrière le volant.
Rakoto