La planète toute entière est encore sous le choc de l’annonce par le président américain Donald Trump portant sur l’augmentation généralisée des droits de douanes pour tous les produits étrangers entrant sur le sol américain. Des droits qualifiés d’insensés par certains et d’exagérés par d’autres.
Cette décision unilatérale, d’autant plus dénuée de la moindre explication, ne sera jamais sans conséquence pour l’économie nationale malgache. Effectivement, avec des droits de douanes fixés à 47%, les produits malgaches auront des difficultés pour faire face à la concurrence sur le marché américain.
Il est évident que le déficit commercial est relativement conséquent en défaveur des Américains dans le cadre des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et Madagascar. Mais cela est imputable aux avantages accordés aux pays africains éligible à l’Agoa.
Mais quoi qu’il en soit, on pourra remarquer que les exportations américaines à destination de Madagascar ne sont pas comparables à celles malgaches vers les Etats-Unis. Mais le déficit commercial qui s’ensuit ne peut être mis au compte d’un système douanier prohibitif appliqué à l’égard des produits d’origine américaine.
Il est difficile de croire que des dispositions tarifaires exceptionnelles ont été mises en place à l’encontre des exportations américaines à destination de Madagascar. Il est plus vraisemblable que l’explication se trouve, entre autres dans le désintérêt des producteurs et exportateurs américains du marché malgache et cela pour différentes raisons.
Parmi celles-ci, on peut avancer la taille du marché, les frais de transport qui sont certainement très élevés compte tenu de l’éloignement… Donc, sans aucun rapport avec les droits de douanes. Ce qui ne justifierait en aucun cas l’application de droits de douanes excessifs de la part de l’administration américaine.
Autrement dit, c’est une incompréhension ou une méconnaissance de la réalité des échanges commerciaux entre Madagascar et les Etats-Unis. Dans ce type d’échange, tout est à relativiser. On peut ainsi prendre comme exemple, nos échanges avec la Chine.
Pour les importateurs chinois, la production nationale malgache sur un produit ressemblerait à un échantillon vu la taille de la demande chinoise. En effet, en théorie, la demande doit toujours être associée à la population d’un pays. Et en ce qui concerne la Chine, cette demande est énorme, donc difficile à satisfaire.
D’un autre côté, on peut dire qu’avec ces droits de douanes très élevés, les Américains crachent contre le vent. Les minéraux critiques (titane, cobalt, nickel…) que Madagascar exporte vers les Etats-Unis vont voir leurs prix à la hausse. Or, ce sont des matières premières essentielles pour l’industrie américaine.
A moins bien entendu que les Américains aient la certitude d’avoir d’autres fournisseurs à moindre prix. Ce qui est toujours possible. Les décideurs malgaches ont tout intérêt à connaître et identifier quels sont tous les concurrents potentiels. Dans le contexte actuel, chaque marché sera le théâtre d’une concurrence impitoyable.
Aimé Andrianina