Les temps sont durs. Et cette fois encore, Madagascar se retrouve à la croisée des chemins, pris dans une tempête dont les origines se trouvent bien au-delà de notre frontière. La récente annonce du président américain Donald Trump concernant la révision des droits de douane marque un tournant inquiétant. Si certains, mus par des considérations purement politiques internes, se réjouissent de cette nouvelle en pensant nuire au régime actuel, ils ignorent que c’est l’ensemble du pays qui risque d’en payer le prix fort.
Il ne s’agit plus d’analyses ou de débats stériles. Le temps est
à l’action, car cette décision entraînera des répercussions directes et profondes dans l’économie du pays, en particulier sur deux piliers essentiels : le textile et la vanille. L’annonce d’un droit de douane de 47 % sur les exportations vers les États-Unis ne relève pas d’un simple ajustement commercial. C’est un véritable séisme pour un pays en développement dont l’économie repose encore sur des partenariats fragiles.
A cet effet, selon une estimation d’un expert économique, près de
60.000 emplois sont potentiellement menacés par cette mesure. C’est une population entière, vivant de l’industrie textile ou dépendant des chaînes d’exportation de la vanille, qui se retrouve exposée. Les conséquences à venir s’annoncent donc inquiétantes. D’autant plus que les entreprises travaillant avec le marché américain seront contraintes de faire des choix difficiles : réduction d’activités, chômage technique, voire licenciements. Ces conséquences, à court terme, pourraient s’avérer catastrophiques dans un contexte où le pays tente à peine de se relever des effets de la pandémie de Covid-19.
Le chômage de masse n’est jamais neutre sur le plan social. Il alimente les frustrations, accentue les inégalités et constitue un terreau fertile pour la criminalité et les tensions sociales. En d’autres termes, les risques d’augmentation de l’insécurité planent alors que la situation actuelle n’est pas du tout reluisante.
Que faire, alors ? L’heure est à la mobilisation diplomatique et à la diversification stratégique. Il est impératif que Madagascar prenne l’initiative de rechercher activement d’autres débouchés commerciaux. Le renforcement des liens bilatéraux avec d’autres partenaires économiques doit devenir une priorité. Que ce soit en Asie, en Afrique ou en Europe, il existe sûrement des partenaires prêts à dialoguer et à investir. Encore faut-il les approcher avec une vision claire et des propositions concrètes.
Il nous faut aussi resserrer les rangs au niveau national, et donc loin des clivages politiques. Ce qui, à la lecture des réactions des uns et des autres ces derniers temps, est loin d’être acquis.
Rakoto