Impact des droits de douane sur Madagascar: annulations de commandes, relocalisations des clients et chômages en perspectives

Le secteur des entreprises franches malgaches, est sous pression. Depuis l’annonce des droits de douane de 47% sur les marchandises malgaches exportées vers les Etats-Unis, en vigueur depuis hier 9 avril, les conséquences sont immédiates et lourdes : commandes annulées, activités suspendues, emplois menacés. La mesure américaine fragilise tout un pan de l’économie de Madagascar.

Le Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP) tire la sonnette d’alarme. Sa présidente, Béatrice Chan Ching Yiu, déplore des pertes immédiates et redoute des impacts à long terme. Résultat : des marchandises déjà en transit vers les Etats-Unis risquent d’être surtaxées et les clients redirigent leurs commandes vers des fournisseurs moins pénalisés.
« Nous sommes dans le flou. Nos partenaires attendent leurs commandes, mais ne savent pas si elles seront touchées par cette surtaxe », déplore Béatrice Chan Ching Yiu.
Selon elle, ce sont 60.000 emplois qui sont aujourd’hui menacés. Sur les 110 entreprises franches à Madagascar, 35 opèrent dans le textile, l’un des secteurs les plus exposés. « Nous ne savons même pas si les marchandises déjà expédiées, seront taxées », s’inquiète-t-elle. Certaines commandes ont d’ores et déjà été annulées. D’autres pourraient être redirigées vers des fournisseurs moins pénalisés.
Face à cette crise, les entreprises attendent des réponses rapides. « Certains clients se tournent vers des fournisseurs taxés à seulement 10% », alerte encore la présidente du GEFP.
Jusqu’ici, les exportations vers les Etats-Unis bénéficiaient d’un régime de franchise douanière dans le cadre de l’Agoa. Celui-ci permettait l’accès sans droits de douane à plus de 6.800 produits africains, dont la vanille et le textile malgache, fers de lance du secteur.

Limiter les dégâts et défendre les intérêts

Actuellement, 53 sociétés malgaches profitent encore de l’Agoa. « Mais sur les 110 entreprises franches recensées dans le pays, 35 d’entre elles dans le secteur textile, sont désormais frappées de plein fouet », évoque Béatrice Chan Ching Yiu.
Pour rappel, le ministère malgache des Affaires étrangères à confirmé l’ampleur des répercussions sur l’emploi et l’attractivité du pays. La récente réunion de dialogue stratégique de haut niveau, à laquelle participait l’ambassadrice des Etats-Unis, n’a pas écarté le risque de licenciements massifs et de chômage technique dans les zones industrielles.
Le gouvernement malgache promet de réagir, mais les mesures concrètes restent à définir entre les parties prenantes concernées par l’application de ce nouveau régime douanier. En attendant, les entreprises cherchent à survivre. Le GEFP appelle à une solidarité renforcée entre l’Etat et le secteur privé pour limiter les dégâts et défendre les intérêts malgaches dans les négociations à venir.

Arh.

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