Brenda Harikanto Rahajaniaina, artisan chocolatière, invite à explorer l’univers du chocolat artisanal, à la fois simple et raffiné. A travers son entreprise, elle œuvre avec passion pour mettre en valeur le cacao de Madagascar, reconnu comme le meilleur au monde, tout en apportant son soutien aux cultivateurs locaux. Une aventure qui puise ses racines dans une histoire familiale.
A Amoronakona, le long du By-pass, se niche un petit atelier discret mais plein de charme : c’est là que l’univers d’Îlot Choco prend vie. Dans cet espace chaleureux, quelques artisans s’affairent chaque jour à transformer le cacao en véritables trésors chocolatés. Le nom, “Îlot Choco”, évoque une petite île gourmande, un refuge sucré où l’on célèbre le chocolat sous toutes ses formes. L’atelier est modeste, équipé de deux machines à conchage, d’une machine à concassage et d’un torréfacteur, toutes conçues de manière artisanale, à l’image de leur philosophie. L’odeur enivrante du cacao y flotte en permanence, imprégnant les murs comme les souvenirs. Car ici, le chocolat est une histoire de famille : Brenda Harikanto Rahajaniaina qui a littéralement grandi les mains dans le cacao, perpétue un héritage transmis de génération en génération, depuis son arrière-grand-père jusqu’à son père.
“Tout a commencé avec mon arrière-grand-père, chocolatier de métier dans les débuts de la chocolaterie Robert. Pendant plus de quinze ans, il y a façonné son savoir-faire, et a légué sa passion à mon père qui ne l’a jamais quitté. Enfant, mon père rêvait déjà de suivre les traces de son aïeul. Ce rêve a pris forme en 2017, lorsqu’il rencontre des planteurs de cacao désireux de collaborer et parvient à fabriquer lui-même sa première machine de conchage. C’est à partir de là que l’aventure familiale du chocolat a vraiment commencé”, raconte-t-elle.
Plus tard, Brenda Harikanto Rahajaniaina s’est engagée aux côtés de son père en participant à la production et à la vente de chocolats artisanaux, dans le but de l’épauler dans son projet. En 2023, elle choisit de créer sa propre marque, baptisée “Îlot Choco”. Une initiative qui ne vise pas à concurrencer celle de son père, mais plutôt à mettre en lumière la richesse et la diversité de leurs créations respectives. Aujourd’hui, ils proposent deux gammes complémentaires : “Val Choco”, imaginée par son père, et “Îlot Choco”, portée par Brenda. Bien que chacun développe son univers, père et fille continuent de partager le même atelier, les mêmes machines, et surtout, la même passion.
Val Choco propose une gamme de produits tels que des pâtes à tartiner, du cacao en poudre et du chocolat de couverture noir. Ces produits sont principalement écoulés lors d’événements, dans les églises, auprès d’associations, ainsi qu’à travers la vente de napolitains destinés aux épiceries. De son côté, Îlot Choco se distingue par une offre plus diversifiée et raffinée : tablettes de chocolat noir aromatisé (menthe, fleur de sel, voatsiperifery, combava…), chocolat au lait, truffes, ballotins et barres chocolatées. La marque propose également des créations personnalisées, souvent à la demande de ses principaux clients : entreprises, organisations ou associations, qui offrent ces douceurs artisanales à leurs collaborateurs ou membres à l’occasion des fêtes de fin d’année ou de Pâques. L’atelier est capable de produire jusqu’à 30 kg de chocolat par session de conchage, avec une cadence de cinq à six conchages par mois. Les pâtes à tartiner et les chocolats en poudre, quant à eux, sont fabriqués de manière continue pour répondre à la demande régulière.
Dernièrement, la marque a élargi son univers en lançant une gamme de soins pour le corps et les cheveux, élaborée à base de beurre de cacao et d’huiles végétales 100% naturelles. Une incursion dans l’univers cosmétique qui reste fidèle à sa philosophie artisanale et responsable. En parallèle, l’entreprise poursuit, étape par étape, l’acquisition de nouveaux équipements pour améliorer sa production. Les matières premières utilisées proviennent principalement de la côte Est de Madagascar, notamment de Brickaville, où l’entreprise possède sa propre plantation de cacao, ainsi que des régions de Manambato et Mahanoro. Côté équipe, Îlot Choco fonctionne aujourd’hui avec trois employés : une personne en poste à temps plein, une autre à mi-temps, et une troisième mobilisée en renfort lors des journées de production. Une petite structure dynamique, portée par la passion et une vision à long terme.
Pour Brenda Harikanto Rahajaniaina, le principal défi dans la vente de chocolat artisanal réside dans la concurrence avec les chocolats importés, qui inondent le marché. Ces produits attirent les consommateurs par leur prix plus bas, mais leur qualité laisse souvent à désirer : ils sont généralement très sucrés et contiennent peu de cacao. “Ce qui rend nos chocolats artisanaux plus difficiles à vendre, c’est justement leur authenticité. Ils ne sont pas excessivement sucrés, car notre priorité est de préserver la véritable richesse du cacao”, souligne-t-elle. Sa première motivation consiste à sublimer et de faire rayonner le cacao de Madagascar, reconnu comme le meilleur au monde.
Ensuite, Brenda Harikanto Rahajaniaina collabore avec des petits planteurs des zones rurales, qui cultivent le cacao selon des méthodes simples, traditionnelles et respectueuses de la nature. “La culture du cacao est très écologique : elle nécessite la plantation d’arbres pour ombrager les cacaoyers et préserver les sols”, explique-t-elle. Sa troisième motivation réside dans l’impact social que peut avoir cette activité : créer de l’emploi, soutenir des personnes en situation précaire en leur offrant l’opportunité de revendre ses produits et d’en tirer des bénéfices. Enfin, elle est également animée par l’envie de développer un secteur encore peu exploité à Madagascar : la chocolaterie artisanale. Elle et son père ont également des projets à long terme, notamment autour de la culture du cacao elle-même.
Aux jeunes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, Brenda Harikanto Rahajaniaina conseille de ne pas brûler les étapes. “Il ne faut pas être trop ambitieux dès le départ, prévient-elle. Évitez de faire de gros investissements, de contracter des prêts importants ou d’acheter des équipements trop coûteux. C’est risqué.” Elle raconte avoir commencé modestement, en développant son entreprise petit à petit. “C’est en avançant que j’ai appris comment bien conserver le chocolat, comment travailler les différentes saveurs… Et je vous assure qu’il y a une vraie satisfaction à voir son entreprise évoluer, grandir étape par étape.” Elle insiste aussi sur l’état d’esprit nécessaire pour entreprendre : “Créer son entreprise, ce n’est pas pour ceux qui cherchent le confort. C’est un véritable combat. Il faut être prêt à travailler dur, à chercher constamment des solutions, et à se battre jusqu’au bout.”
Nambinina Jaozara