Face aux commentaires, les plus critiques, de la venue du président français Emmanuel Macron à Madagascar, Bearisoa Rakotoniaina, docteur en Histoire économique et enseignant à la fois l’Université catholique de Madagascar (UCM) et à l’Université d’Antananarivo apporte des nuances.
« Je suis un patriote, éduqué dès mon jeune âge dans un parti militant pour le prolétariat et ensuite pour le développement de Madagascar. Mais en ce troisième millénaire, désigner les Français pour être à l’origine de notre pauvreté et de nos maux, c’est faux » a-t-il réagi.
Il fait remarquer qu’une croissance s’est relevée après que le premier président malgache a entamé le plan « Grandes Opérations » après l’échec du plan quinquennal de 1964-1968. Ce qui a été stoppé par le mouvement Mai 1972. Et lui de regretter que Madagascar a eu du mal à supporter les conséquences des chocs pétroliers, de 1973 et de 1979. D’autant plus, signale-t-il, la voie révolutionnaire de la Deuxième République fut un fiasco : « on a beau dire rompre avec la France en 1973 mais le pays fut contraint de se plier aux conditionnalités de Bretton Woods vers la fin des années 80, et de mettre un terme au Livre Rouge ».
Il tient à signaler que depuis la Deuxième République, des normes d’architecture urbaines ne sont plus respectées, « ce qui engendrent de graves conditions dans la vie d’aujourd’hui, si l’on ne parle que des canalisations et d’évacuations ». Dans la foulée, il dénonce comme une erreur la vente des domiciles des fonctionnaires à moindre coût durant la Troisième République.
Un autre exemple est frappant : « avec notre Zone Economique Exclusive s’étendant sur 1.400.000 km2, Madagascar ne dispose que d’une quinzaine de navires pour le protéger, dont 4 seulement peuvent aller en profondeur ». De ce fait, ce chercheur suggère qu’il faut accepter une ouverture, un partenariat et une coopération de différentes formes avec d’autres pays.
« Prenons nos responsabilités, au lieu de chercher comme bouc-émissaire la France colonisatrice. L’histoire est un fait. Chaque pays a vécu sa propre histoire. Ayons un esprit ouvert et créatif pour sortir la Grande Ile de son sous-développement actuel » propose-t-il.
Bearisoa Rakotoniaina, connaissant bien le monde de la diaspora malgache en France va jusqu’à encourager les responsables de multiplier les possibilités de cette diaspora de poursuivre au développement économique du pays vu que 180.000 malgaches établis en France rapportent en toute totalité 4 % du PIB de Madagascar.
Recueillis par Jean Riana