Les blessures mémorielles de la colonisation sont encore vives dans la société malgache qu’Emmanuel Macron veut guérir, pour «que la vérité, la mémoire, l’histoire et la réconciliation puissent voir le jour», selon sa déclaration lors de la visite du palais de la Reine, jeudi. Le président français veut créer les «conditions» du «pardon» de la colonisation de l’île de l’océan Indien.
Reconstruire l’histoire menant vers les chemins de la réconciliation. Emmanuel Macron l’a soulevé à Manjakamiadana, tout en évoquant cette page douloureuse de l’histoire de Madagascar. Une page « sanglante et tragique », a-t-il indiqué. Et cette démarche s’inspire du modèle des commissions d’historiens créées avec d’autres territoires colonisés par la France comme le Cameroun, l’Algérie, le Sénégal et Haïti.
«Notre présence ici n’est pas innocente et notre histoire s’inscrit à travers les âges et avec des pages éminemment douloureuses», a-t-il souligné.
A cet égard, Emmanuel Macron et Andry Rajoelina ont convenu ensemble de la nécessité d’apaiser les mémoires, à l’exemple de l’insurrection du 29 mars 1947 à travers l’implication des historiens, afin que «Chacune des étapes, y compris les plus difficiles de nos relations puissent être dépliées». «Et nous en créons les conditions, en permettant par ce lien très humain, très personnel et très symbolique, de faire le deuil de ce qui n’est plus».
Le ministère des Affaires étrangères (MAE) parle alors de la mise en place d’une commission mixte franco-malgache d’historiens pour « favoriser une mémoire partagée et apaisée ».
Restitution
Dans ce même registre, Emmanuel Macron a aussi souligné l’importance de la restitution des crânes des guerriers Sakalava, mais également du dais de la reine Ranavalona. « La restitution n’est pas seulement un geste unilatéral, à rendre des objets, ce serait trop facile, c’est une histoire bien plus complexe », a-t-il lancé.
Pour lui, la population malgache et africaine en générale méritent de connaître leur histoire. « Il n’y avait rien qui puisse justifier que les jeunesses africaines ne puissent connaître leur histoire que par des musées parisien, londonien ou autres », a-t-il expliqué. Le président français estime qu’il faut apprendre du passé pour « bâtir l’avenir ».
Un sentiment partagé par le président Andry Rajoelina profondément attaché à ses racines. «Quand on ne connaît pas l’histoire, on ne peut pas transformer le pays», a-t-il déclaré sur TV5 Monde.
T.N