“Récemment, un client m’a demandé de photographier un événement familial à la campagne”, se remémore Avotra Riccardo. Alors qu’il ne s’attendait qu’à une ouverture de tombeaux, c’était en fait une exhumation. Le conflit de croyances n’étant pas un fait nouveau. Evidemment, tout le monde n’est pas à l’aise avec cette coutume. Pourtant, malgré la réticence de certains, lorsque ceux-ci ont vu leurs parents défunts, tout s’est bien passé.
C’est là que l’on réalise que rien n’est plus important que la famille. “Et avec mon appareil photo, j’ai réussi à capturer l’intensité de ce moment. Les différentes émotions : la tristesse, la joie de les revoir, la nostalgie,… Ce fut l’un des moments les plus marquants de ma carrière cette année”. Témoignage Avotra Riccardo, expert photo et analyste chez Ingedata Ankorondrano, et photographe professionnel depuis 2018.
Plus connu pour ses photos artistiques sombres devenues virales en Halloween 2022, il a en fait plongé dans le monde de la photographie depuis tout petit et ce, grâce à l’appareil argentique de son père. Pourtant la photographie a réellement commencé à l’intéresser en 2013. Avec le Canon 600D de son oncle, il a été désigné photographe par défaut de sa famille pendant les réunions.
Etant autodidacte dans ce milieu, c’est en 2016 qu’Avotra Riccardo s’est lancé dans l’apprentissage et ses recherches, muni de son Nikon D 3200. Un an et demi plus tard, après avoir changé son appareil en un Nikon D 7000, il a décidé de rentabiliser ses connaissances et son savoir-faire. “A cette époque, je n’avais pas encore de style, je faisais uniquement ce que les clients me demandaient”, dit-il. Mais cette époque fut néanmoins très enrichissante, lui permettant de perfectionner son art et de rechercher son style.
Il n’est pas nécessaire de mentionner répétitivement les dégâts économiques causés par le confinement. Ses activités, comme celles de la plupart de toute la population mondiale, ont été mises en pause. Pourtant, durant ces moments difficiles, une entraide pour trouver des clients entre les photographes locaux, a vu le jour. Et c’est à cette période qu’Avotra a découvert son style.
Désormais, il prend les photos de ce qui l’inspire, c’est-à-dire ce qu’il voit, ce que les gens vivent et ce qu’il a vécu. Il fait ressortir ses peurs d’enfance dans le creepy. Dans ses œuvres cosplay, avec ses clients, ils ressortent ensemble un monde imaginaire et fantaisiste dans notre monde. Et dans ses photos artistiques, il nous montre la beauté sans filtre de notre entourage. Il s’est créé une personnalité et cela, ses clients, entreprises ou particuliers, le savent.
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle occupe une place prépondérante. Pourtant, c’est cette personnalité propre à chaque photographe, le message derrière chaque image, que l’IA ne peut pas reproduire. L’IA constitue ainsi un outil, tout au plus, facilitant la modification des images, tel que Photoshop, mais pas une menace pour le métier de photographe, d’après ses dires. « Ce n’est qu’une fiction, et cela ne reflète pas la vérité, elle n’a pas cette touche d’humanité » commente-t-il sur ce sujet.
Quant à l’avancée du numérique, les différents smartphones actuellement utilisés dans le milieu professionnel, il estime que “L’appareil ne fait pas le photographe”. Mais il y a une raison, note-t-il, pour laquelle des appareils photos, valant au moins le double du prix du dernier smartphone dernier cri, existent et continuent d’être sur le marché. Etant expert photo et analyste, Avotra Riccardo explique que dans tous les cas, même les rendus ne sont pas les mêmes, et aux yeux des experts, cette différence est flagrante.
La seule véritable menace dans ce milieu n’est, selon lui, que la concurrence déloyale des pseudo-photographes qui ne donnent pas de valeur à leur labeur, dévalorisant par la même occasion, le travail des autres dans le même secteur d’activité. “En tant que photographe professionnel, tu n’as pas le droit de donner à tes clients des photos de mauvaise qualité” appuie-t-il. Mais cette qualité a un prix, et ce n’est qu’en se respectant mutuellement que le métier de photographe peut garder sa crédibilité.
Toujours dans cette perspective du respect, les photographes se doivent alors de suivre une éthique de travail. Pour le meilleur résultat possible, une analyse préalable du terrain est indispensable. La ponctualité, la rigueur et le professionnalisme pour la satisfaction du client sont ce qui font un bon photographe.
Le métier de photographe, pour ne pas dire la photographie en général, fait partie intégrante de la société actuelle. Etant un élément clé dans la communication, la promotion, publicité, l’image d’une organisation peut se résumer en un clic. Directement, chaque cliché d’un photographe peut contribuer au tourisme, créer un conflit ou contribuer à un appel à l’aide.
Pour les photographes en devenir, Avotra Riccardo conseille de maîtriser les bases avant tout. Le style peut se trouver plus tard, mais avant cela, il faut connaître les réglages, maîtriser la lumière, l’aspect technique de la photogra- phie. Mais surtout, il souligne qu’il ne faut pas se précipiter à passer du statut amateur à professionnel. Et si l’on compte en faire son métier à temps plein, il serait idéal d’intégrer une agence de photo. Car certes, le métier est viable, mais ce n’est pas tout le temps tout noir ni tout blanc.
Aina Stephanie