Secteur minier: l’extrême pauvreté sévit dans les exploitations artisanales

Contrairement à ce qu’on pense, l’extrême pauvreté sévit dans les petites mines à exploitation artisanale, selon le docteur Souleman Ibrahim Andriamandimby, enseignant-chercheur de la mention géologie de l’Université d’Antananarivo, Interview.

. Les Nouvelles : Lors du lancement officiel du projet « Données et preuves pour mettre fin à la pauvreté extrême (DEEP) » à Madagascar, vous avez souligné, en tant que panéliste, que l’extrême pauvreté sévit dans les petites mines dont l’exploitation se fait d’une manière artisanale. Pourquoi ?

– Docteur Souleman Ibrahim Andria­man­dimby : En fait, ce sont les résultats des études du projet qui soulignent cette constatation d’extrême de pauvreté à travers des paramètres. Parmi ces paramètres on peut souligner l’analphabétisme, un des indicateurs de l’extrême pauvreté. On peut aussi remarquer l’absence d’éducation des enfants où ces derniers sont plutôt utilisés, dès leurs bas âges, à aider leurs parents dans les exploitations des mines. Force est également de constater que les zones à fort potentiel minier sont également celles où l’on observe un niveau de chômage élevé. A tout cela s’ajoute un fort niveau d’insécurité des lieux. Bref, rien que des paramètres qui soulignent l’extrême pauvreté dans les exploitations minières à petite échelle. Plus de 500.000 personnes sont concernées par cette situation, selon le dernier chiffre publié par le ministère de tutelle.

. Face à cette situation, que proposez-vous comme solutions ?

– L’encadrement minier. Concrètement, cela se traduit par le rassemblement des mineurs d’une zone d’exploitation dans une association ou dans des coopératives, non seulement pour qu’ils puissent bénéficier d’une sensibilisation, mais également d’une formation administrative et technique sur leurs activités, notamment sur l’hygiène, la santé et la sécurité au travail et celle de la famille, ainsi que des appuis techniques pour une meilleure exploitation rationnelle tout en se souciant de l’environnement. La mise en place de la sécurité est également une condition sine qua non pour une exploitation en pleine quiétude. Des mesures qui vont les entraîner plus tard dans le secteur formel et leur permettra de bénéficier d’un permis d’exploitation. Et en parallèle à cela, la constitution d’une base de données en statistique du secteur pour un meilleur suivi de son évolution.

. Est-ce qu’on procède déjà à ce genre d’encadrement au pays ?

– Jusqu’ici, on a recensé 44 zones d’encadrement réalisées par le ministère des Mines et des ressources stratégiques. De notre côté, on a étudié deux autres zones d’encadrement, dans les régions Betsiboka et Vakinankaratra, à Antanifotsy. Ces études, réalisées en collaboration avec des étudiants que j’avais encadrés, ont été déjà transmises au ministère.
A noter toutefois qu’au moins 75% des communes sur tout le territoire national ont leurs propres zones d’exploitation minière. Des efforts devront être ainsi menés pour développer ces zones d’encadrement miner.

Propos recueillis par Sera R.

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