Mercredi des idées en goguette: Le grand retour des joutes parlementaires

Conjoncture oblige, les sujets sociopoliti­ques s’invitent à nouveau au cœur des discussions dans les jours à venir. Et pour cause, contrairement à la température glaciale qui s’installe dans la capitale ces quelques temps, le climat politique, lui, s’annonce brûlant. Il faut dire que les parlementaires sont en pleine session ordinaire, et comme le prévoit la Con­s­titution, chaque première session est marquée par la présentation du rapport d’exé­cution du programme gouvernemental devant l’Assemblée nationale. Un exercice de transparence censé déboucher sur un débat autour des résultats des actions de l’État et de l’évaluation des politiques publi­ques.

Autant dire que les prochaines semaines pro­mettent d’être animées sous la coupole des deux Chambres. Et ce ne sont pas les sujets de débat qui manquent : insécurité persistante, hausse du coût de la vie, infrastructures routières en berne, avenir incertain du projet Base Toliara ou encore les éternelles discussions sur les îles Éparses récemment relancées par le Chef de l’État. Le prochain « face-à-face », pour reprendre l’expression chère aux journalistes, pourrait être électrique, si tant est que l’opposition joue réellement son rôle. Souvent en retrait de la scène mé­diatique, les par­lementaires de l’opposition profitent en effet de la session pour faire enten­dre leur voix, quitte parfois à flirter avec l’intox pour se faire remarquer.

Mais au-delà de la joute politique, espérons que le débat reste constructif et respecte les fondamentaux de notre vivre-ensemble. Car si les éclats de voix font partie du jeu démocratique, les dérapages haineux, eux, n’ont pas leur place. Le président du Sénat l’a d’ailleurs rappelé dans son discours d’ouverture de la session hier, toute forme de discours fondé sur l’ethnie, la religion ou l’idéologie partisane doit être fermement écartée des ins­titutions publiques.

Dans ce théâtre parlementaire où chacun veut briller, le citoyen, lui, attend surtout des répon­ses concrètes à ses préoccupations du quotidien. Alors, que les débats soient vifs, certes, mais qu’ils servent surtout à faire avancer le pays, dans le respect des con­victions de chacun. L’es­sentiel, au fond, n’est pas de faire du bruit… mais de faire du bien.

Plus encore, au-delà des murs de l’Assemblée et du Sénat, l’opinion pub­lique observe, parfois avec lassitude, parfois avec espoir. Car si le rituel parlementaire est un passage obligé de notre démocratie, deux fois chaque an­née selon la Constitution, il ne doit pas se transformer en simple théâtre de postures. La population, con­frontée chaque jour à des réalités économiques et sociales de plus en plus rudes, attend des décisions concrètes et des actes forts. La politique, si elle veut retrouver sa crédibilité, devra sortir des jeux de micro pour entrer dans le quotidien des citoyens.

Rakoto

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