Boire avec modération

Encore une fois, la proposition de loi sur la production et la commercialisation du « toaka gasy » (rhum de fabrication artisanale) va passer devant l’Assemblée nationale. Cette fois-ci, le texte sera présenté par le député d’Ambositra, une localité bien réputée pour la production et la consommation de « toaka gasy ».

Mais quoi qu’il en soit, cette boisson alcoolique est produite et consommée partout dans tout le pays. Seule l’appellation dif­fère. A Madagascar, on dit toujours que si un village est composé de seulement 2 toits, forcément d’un l’un on vend du « toa­ka gasy » et dans l’autre du « rongony » (chanvre indien).

Cela montre à quel point, ce rhum artisanal est prisé par la po­pulation locale. La de­mande est très forte. Et dans tous les villages de Madagascar, lors de chaque festivité, le rhum artisanal coule à flot. Dans le malheur et dans le bonheur, le « toaka gasy » est toujours présent.

Il est difficile de croire que l’on pourra éradiquer totalement la production de ce rhum artisanal. La situation actuelle ressemble à la période de la Prohibi­tion aux Etats-Unis (en­tre 1919 et 1933). Parfois, on arrive à saisir les matériels de production (alambics…) qui sont immédiatement détruits avec la production.

Mais très vite, les fabricants parviennent à reconstituer leurs matériels et reprennent leurs activités clandestines dans un autre lieu. Si on veut libéraliser la production du « toaka gasy », la vraie question est de savoir comment contrôler la qualité de la production.

En effet, certains fabricants sans scru­pule de cette boisson alcoolique produisent du rhum artisanal avec du matériel hors norme et dont la production présente des dangers à la consommation. Des produits fabriqués clan­­destinement présentent toujours des dangers faute de contrôle sanitaire.

Bien évidemment, la libéralisation de la fabri­cation et de la commercialisation du « toaka gasy » est susceptible non seulement de satisfaire une demande très importante mais aussi d’apporter des revenus substantiels additionnels aux nombreuses collectivités décentralisées. D’où l’insistance de certains élus.

Toutefois, il faut également tenir compte du lobby des producteurs de rhum de fabrication industrielle. Celui-ci est relativement puissant pour avoir pu, jusqu’à présent, empêcher l’adoption d’une telle loi qui, il faut le reconnaître, porterait un grand coup à leurs activités.

Le projet de loi passera-t-il cette fois-ci ? Il y a des gens qui prisent ou au contraire abominentent le « toaka gasy» en raison de son teneur en alcool qui n’est ja­mais uniforme. C’est l’un de ses principales caractéristiques. Mais quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de « toaka gasy surtout » ou de rhum industriel, il faut toujours savoir boire avec modération.

Aimé Andrianina

Partager sur: