Une meilleure équité sociale

Depuis la mise en place du mécanisme d’ajustement de prix mensuel concernant les carburants, le prix à la pompe du pétrole lampant ne cesse de con­naître une hausse con­tinue. Cette hausse fi­xée au maximum à 200 ariary par mois répond au sacro-saint principe de l’ajustement des prix.
En raison de cet ajustement, le prix du litre du pétrole lampant est passé de 2 430 ariary en début d’année à 3 230 ariary au début du mois de mai, soit une hausse 800 ariary alors que les prix du gasoil et de l’essence super n’ont pas présenté de changement significatif.
Mais une hausse de 800 ariary pour un seul produit pèse lourd pour le budget des mé­nages les plus défavorisés. Effectivement, il faut souligner que le pétrole lampant est principalement utilisé par les 60% les plus pauvres de la population à Madagas­car et plus particulièrement en milieu rural.
Le pétrole lampant constitue une source
d’énergie privilégiée dans les zones rurales pour l’éclairage et la cuisson. D’autant plus que les alternatives comme l’élec­tricité ou l’énergie solaire restent encore inaccessibles ou insuffisamment développées.
Avec ces successives hausses de prix, le pétrole lampant deviendra un produit de luxe pour les couches défavorisées de la population qui n’ont d’autres solutions que d’en limiter l’utilisation. A la longue, le produit deviendra hors de portée des véritables utilisateurs.
Cela risque d’arriver si l’on tient vraiment à continuer à appliquer la vérité des prix sur le pétrole lampant. La raison est que dans ce cas-là, le litre de pétrole lampant devrait se vendre aux alentours de 4 100 ariary. On remarquera qu’il y a encore un énorme fossé entre le prix
qui devrait être et celui qui est appliqué actuellement.
La question qui se pose est la suivante : A ce prix-là, les pauvres pourront-ils encore con­tinuer en acheter ? Com­me c’est une source d’énergie incontournable, les utilisateurs devront faire des sacrifices sur d’autres comme l’alimentation ou la scolarisation des enfants. Autre­ment dit, une situation qui ira de mal en pis.
Si on cherche seulement à maintenir le pouvoir d’achat de cette catégorie de population dans sa situation actuelle qui n’est pas déjà des plus reluisantes, il faudra pratiquement réaliser un discernement sur les prix des carburants. La hausse devrait con­cerner plus particulièrement les produits qui sont plus consommés par les ménages plus aisés.
De toutes les façons, cela n’apportera pas un grand changement pour les caisses de l’Etat. En 2024, le pétrole lampant représentait environ seulement 4,24% de la con­sommation totale de pro­duits pétroliers du pays. Une taxation moindre du pétrole lampant favoriserait une meilleure équité sociale.

Aimé Andrianina

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