Champion du système « D »

Que mangent les Malgaches ? Comment font-ils pour vivre (ou survivre) et rester en bonne santé ? La question se pose quand on apprend selon un rapport de la FAO que le coût moyen d’une alimentation saine à Ma­dagascar est estimé à 3,8 dollars par jour et par personne.
Ce montant, l’équivalent de 17 000 ariary, correspondrait à un repas qui couvrirait les besoins nutritionnels quotidiens (2 330 calories) d’un individu. Or, d’aucuns ignorent que le salaire minimum (SMIG) à Madagascar se situe en moyenne autour de 272 450 ariary par mois.
Ce qui donne un salaire journalier d’un peu plus de 9 081 ariary par jour. Autrement dit, le salaire journalier d’un salarié qui touche le SMIG (fixé depuis le 01 mars 2024) est largement inférieur au prix d’un repas individuel sensé être équilibré selon les normes de la FAO.
Ce qui veut dire que déjà, le salarié ne peut pas s’alimenter sainement chaque jour. Et cet état des choses n’affecte pas uniquement le salarié. Il faut prendre en compte que bien souvent, il ne vit pas seul.
Il a de nombreuses au­tres bouches à nourrir (femme, enfants…).
Avec ces 9 081 ariary, il doit encore, tout au moins, couvrir tous les frais d’alimentation du ménage. Et dans ce cas de figure, on se demande bien comment va-t-il faire pour payer le loyer, les autres charges (eau et électricité…), les frais de scolarité des enfants, les frais de transport …
Il faut reconnaître que le niveau de rémunération est bien faible à Madagascar. Et de nombreux ménages doivent faire preuve d’ingéniosité pour arriver à joindre les deux bouts. Ce qui n’est pas toujours facile à faire. Et pour cela, certaines personnes doivent cumuler plusieurs emplois.
Quoi qu’il en soit, beaucoup s’en sortent tant bien que mal (peut être plutôt mal que bien). Bien évidemment, tout le monde ne touche pas le SMIG, mais toujours est-il que beaucoup de salariés sont rémunérés en dessous du SMIG. Pour différentes raisons, ils doivent accepter des conditions nettement en leur défaveur.
Un marché de travail limité n’est pas de nature à favoriser à trouver un emploi bien rémunéré. Bien souvent, les personnes à la recherche d’un emploi doivent plonger sur le premier qui s’offre. Et dans ces conditions, il est rarement possible de prétendre à être payé suivant ses véritables qualifications.
Le monde du travail est ainsi fait. Il va falloir s’y adapter sous peine de se faire rejeter par la société. Mais malgré toutes ces contraintes, les gens arrivent à s’en sortir. Comment ? Chacun a ses méthodes qui lui sont propres. Tout ce qu’on peut dire est que le Malgache est le cham­pion du système « D ».

Aimé Andrianina

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