Quand le vin est tiré…

Certes, les producteurs et les véritables amateurs de rhum artisanal malgache, appelé communément « Toaka gasy », sont ivres de joie en apprenant que les députés viennent d’adopter avec amendement, le projet de loi portant sur sa production et sa commercialisation à l’échelle nationale, initié par le député Fanomezantsoa Yves Georges Andriamihaja, élu dans la circonscription d’Ambositra.
C’était prévisible et si ça ne tenait qu’aux élus, cela ferait déjà des années que ce texte est entré en vigueur. Mais, il ne faut pas crier victoire très vite car les députés n’ont pas vraiment le dernier mot.
A vrai dire, c’est la deuxième fois que l’Assemblée nationale a approuvé une telle initiative visant à encadrer et légaliser cette filière. En 2020, les députés ont déjà donné leur feu vert au projet de loi y afférent, proposé par l’ancien député Jean Brunelle Razafitsiandraofa. Ce texte a même été approuvé en deuxième lecture en 2023.
Mais on connaît la suite, les sénateurs ont exprimé leur refus catégorique et ont voté contre. L’exposé des motifs ne les a pas convaincus, considérant le Toaka gasy non pas comme dangereux pour la santé, mais une opportunité économique à exploiter en tant qu’activité génératrice de revenus, pouvant contribuer au renforcement de l’autonomie financière des Collectivités territoriales décentralisées à travers la consolidation de leurs rentrées fiscales.
Cette fois encore, les Sénateurs vont-ils camper sur leur position ? La balle est désormais dans leur camp. S’ils restent fidèles à leurs principes, la production et la commercialisation du Toaka gasy resteraient interdites, donnant lieu à un paradoxe absurde, puisque ce rhum de fabrication artisanale coule déjà à flots dans les bars de quartiers sans aucun contrôle. Et sa production continuera encore à se développer en dépit des interdictions.
Pour dire qu’avec ou sans loi, le Toaka gasy, désormais plus populaire que les autres boissons alcooliques, a toujours été ancré dans la culture malgache. Quand le vin est tiré, il faut le boire.

J.R

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