Comme dans un moulin

Enfin, on se décide d’agir avec un peu plus de rigueur dans la lutte qu’on mène contre la migration clandestine. Si auparavant, les mi­grants clandestins malgaches étaient relâchés après une simple en­quête à leur retour au pays, avec la nouvelle proposition de loi, on entend les sanctionner et cela, qu’ils aient réussi ou non leur traversée.
En effet, depuis plusieurs années, on a bien assisté à de nombreuses tentatives de join­dre par voie maritime des pays avoisinants, principalement, le Dé­partement français de Mayotte. Certes, chacun a ses raisons pour chercher à quitter le pays par tous les moyens, quitte à braver tous les risques qui peuvent être fatals telle qu’une mer en furie.
Toutefois, non seulement, ces migrations clandestines occasionnent des pertes de vies humaines (de nombreux cas ont été constatés) mais elles ternissent aussi, un tant soit peu, l’image du pays. On peut également croire que ces migrations clandestines cachent des trafics illicites de toutes sortes (alcool, drogues, ri­chesses naturelles…).
Certes, des sanctions étaient déjà prévues à leur encontre. Mais ces sanctions n’ont pas été suffisamment dissuasives si bien qu’on a constaté plusieurs cas de récidives. L’attrait de nouveaux horizons étant plus fort. Dorénavant, les candidats à la migration clandestine pourraient encourir des poursuites judiciaires ainsi que des peines pénales.
Cependant, on peut se demander si ces nouvelles mesures seront suffisamment dissuasives. Effectivement, si certains armateurs succombent à la tentation d’organiser des migrations clandestines, c’est parce que ces opérations sont certainement très juteuses pour eux. Ils ne pensent pas aux nom­breux dangers encourus par les candidats aux migrations clandestines.
C’est pourquoi cette nouvelle prévoit également de durcir un peu plus les sanctions à l’encontre des passeurs, incluant le capitaine du navire ainsi que le propriétaire du bateau qui a servi à la migration clandestine. Plus grave encore, on procédera également à la confiscation du bateau. Mais ces mesures seront-elles suffisantes ?
D’un autre côté, il faut également que l’on parvienne à dissuader les entrées clandestines dans le pays. Les mi­grants clandestins ve­nant d’autres pays passent d’abord à Mada­gascar avant de joindre leur destination finale. Beaucoup de migrants clandestins venus de l’Afrique orientale em­pruntent ce circuit. Or, on ne sait jamais si ces personnes présentent un danger ou non pour le pays. On ne sait jamais.
A ce titre, des sanctions sévères doivent être aussi prévues à
l’égard de tous ceux qui entrent clandestinement à Madagascar. Bien souvent, c’est au moment où ils vont quitter le pays qu’on les découvre. Avec la prise de mesures bien sévères, il faut leur montrer qu’on n’entre pas ou qu’on sorte de Madagascar comme dans un moulin.

Aimé Andrianina

Partager sur: