Les cas de vindicte populaire sont loin d’avoir disparu. Tout dernièrement, deux cas ont été signalés. Le premier s’est déroulé à Antsirabe II au cours duquel, le présumé coupable d’un acte de viol a subi les courroux de la population. Et cela s’est terminé par un extrême préjudice.
Quant au second cas, il a été localisé dans les environs de la cité universitaire d’Ankatso. A vrai dire, personne n’a été témoin de l’acte mais les traces de blessures qui ont entraîné la mort de la
victime montrent bien qu’elle a subi des agressions qui lui ont été fatales.
Ce qui est étrange dans ce second cas est le fait que personne n’a, semble-t-il, vu ou entendu quoi que ce soit. Toutefois, les rumeurs qui circulent laissent entendre qu’il s’agit là d’un cambrioleur qui a été pris sur les faits. Mais l’omerta est de mise par crainte des conséquences d’un acte de justice illégal.
En effet, comme on le sait, la vindicte populaire est une punition infligée par le peuple à un individu jugé coupable d’un acte délictueux en dehors du cadre légal. Or, cette forme de justice populaire dont la sentence est souvent la condamnation à mort est un acte punissable par le droit.
Plusieurs causes peuvent expliquer les vindictes populaires. Mais globalement, elles traduisent le manque de confiance dans la justice qui est appliquée dans le pays. La frustration qui en découle fait suite à la perception d’une impunité des coupables par les autorités.
Effectivement, il arrive que certains coupables sont relâchés dans
la société après ou même sans procès. Ce qui amène la population à agir en réaction à des crimes ou des actes jugés comme tels sans l’intervention des autorités judiciaires.
Mais ce qui est grave est que les vindictes populaires peuvent prendre plusieurs formes. Cela peut aller de la simple agression physique au lynchage en passant par l’incendie de maisons ou de bâtiments administratifs. Et dans ce type de manifestation, on sait où et quand cela commence. Mais on ne prévoit jamais quand cela se terminera.
Quoi qu’il en soit, la vindicte populaire constitue une violation des droits de chaque individu à un procès équitable sur la base de la présomption d’innocence tant qu’un jugement ne soit rendu. Mais des fois, on n’arrive pas à se maîtriser soi-même.
Il est vrai que certains actes criminels sont tellement odieux qu’on a immédiatement envie de pratiquer la Loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent »). C’est le premier réflexe qui surgit quand on se trouve confronté face à de tels évènements.
Mais qui garantit que le jugement qu’on a sur l’immédiat reflète la réalité ? Et cela surtout quand il ne s’agit pas d’un cas pris en flagrant délit. Il est toujours possible que les vindictes populaires cachent des velléités de règlement de compte. Et les initiateurs peuvent profiter du fait que certaines apparences sont trompeuses.
Aimé Andrianina