Un sujet délicat

Il est clair que le sujet relatif à l’octroi des terres reste encore délicat. Et pour cause, dans la culture malgache, elle est bien plus qu’un lopin cultivable : c’est une mémoire vivante, un héritage transmis de génération en génération, un symbole d’identité et de stabilité. Pas étonnant donc que chaque projet touchant au foncier, surtout lorsqu’il implique des étrangers, suscite des réactions immédiates. La récente signature d’un protocole d’accord entre l’Etat et l’entreprise israélienne LR Group n’a pas échappé à cette règle. Un projet qui prévoit d’intervenir dans quatre régions pour y développer des cultures telles que le riz, le maïs et le soja. Et pourtant, à la clé, il y aura des emplois, de la formation, des infrastructures et, surtout, une contribution à la souveraineté alimentaire.
Et pourtant, certains haussent déjà le ton, évoquant le spectre du passé. Mais comparaison n’est pas raison. Il faut distinguer les époques, les approches, et surtout les intentions.
D’abord, selon les informations fournies, il ne s’agit ici que d’un mémorandum d’entente, c’est-à-dire un cadre de discussion, pas une vente aux enchères. Ensuite, ayant appris des erreurs passées, l’Etat avance aujourd’hui avec plus de précautions, dans un contexte de besoin urgent de modernisation agricole. Et si ce partenariat est mené avec transparence, cela pourrait justement offrir un pont entre les besoins du pays et les ressources des partenaires étrangers. Oui, les investisseurs ont besoin d’un accès à la terre pour travailler. Mais non, cela ne signifie pas que la terre sera vendue.
En tout cas, le défi est clair, il faudrait rassurer les citoyens, impliquer les communautés locales, tout en continuant à rendre Madagascar attractif pour les investissements. Car disons-le Madagascar ne peut pas rester à l’écart du monde. La lutte pour l’autosuffisance alimentaire ne se gagnera pas seule, ni avec les outils d’hier. Elle passe par le partenariat à long terme avec les investisseurs étrangers. Rien de plus.

Rakoto

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