A huis clos

Et rebelote. Alors que le quotidien de millions de malgaches est marqué par la précarité, l’inflation, les coupures intempestives d’électricité au quotidien, et la difficulté de joindre les deux bouts, une information suscite l’indignation depuis hier. Il semble que les élus de l’Assemblée nationale auraient tenu, ou proposé de tenir, une réunion à huis clos avec la ministre de l’Economie et des finances, non pas pour évoquer les grandes urgences du moment, mais pour discuter de leurs propres avantages. Eh oui, pendant que le peuple souffre, certains élus songeraient d’abord à leur avantage.
Certes, cela peut être tout à fait dans leur droit mais dans un contexte où le pays fait face à des coupures d’électricité chroniques, à une insécurité, à une détérioration visible du pouvoir d’achat, et alors même qu’un face-à-face officiel entre les députés et les membres du gouvernement est prévu dans les tout prochains jours, cette initiative à l’écart des regards publics apparaît à la fois déplacée et révélatrice.
Révélatrice d’un divorce croissant entre une certaine classe politique et les réalités du terrain. Une situation déplacée, parce qu’au lieu d’incarner les attentes de leurs électeurs, certains représentants semblent davantage préoccupés par la consolidation de leurs privilèges. A quoi bon élire des porte-voix du peuple si ces derniers choisissent l’opacité et les arrangements discrets, de plus dans le contexte actuel ?
La démocratie exige la responsabilité et l’exemplarité mais également la transparence. Une séance à huis clos sur les avantages des parlementaires à l’heure actuelle envoie un signal désastreux à une population qui fait déjà face à de nombreuses difficultés.
Cela dit, il est urgent que la politique retrouve son sens : servir, et non se servir. Car pendant que certains parlementaires calculent leurs privilèges, des familles calculent, elles, le nombre de repas qu’elles peuvent encore se permettre cette semaine. Et c’est plus qu’inquiétant.

Rakoto

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