A Malako, un fokontany de la commune rurale d’Ambodimadiro, dans la région Sofia, une pépinière de palétuviers attire l’attention. Ce site, géré par l’entreprise Bôndy, abrite 100 platebandes sur les 600 prévues dans la région Sofia pour cette année 2025, avec environ 800 jeunes plants par platebande. Ces essences – afiafy, honkovavy, tsitolomina, honkolahy – sont destinées à reconstituer les mangroves côtières fortement dégradées.
Les enjeux sont considérables. « Si le milieu est détruit, les espèces comme les crabes et crevettes disparaissent », alerte Ferdinand Randriamihaja, technicien mangrove de Bôndy. La surexploitation menace l’écosystème : le bois de palétuvier est utilisé pour produire du charbon, des meubles ou des matériaux de construction. À Antsohihy, on estime que 150 sacs de charbon issus de mangroves arrivent chaque jour.
Face à cette pression, Bôndy agit à travers le projet « Ma Honko », qui fixe comme objectif de restaurer 10.000 hectares de mangroves en cinq ans dans les districts d’Antsohihy, Analalava et Port Bergé.
Rythme soutenu
A Ambinanibe, commune d’Ankerika, 48 hectares de mangroves dégradées à 80 % ont déjà été replantés depuis avril 2024. Le taux de réussite des plantations atteint 95 %, selon le chef de projet Huyghens Rock Behanarina. La restauration respecte la répartition naturelle des espèces, et 350 personnes issues des villages d’Ambiky et d’Ambalakidy ont participé aux travaux.
Au-delà de la reforestation, Bôndy engage un véritable partenariat avec les communautés locales. Les actions de sensibilisation s’accompagnent d’un appui à des activités génératrices de revenus alternatives. « Certaines communautés souhaitent des équipements de pêche, d’autres préfèrent reboiser des parcelles terrestres pour produire du charbon durable, ou encore renforcer leurs projets d’élevage et d’agriculture », explique Rock Behanarina. Les zones restaurées resteront accessibles à la population.
Pour Christophe, pépiniériste de Malako, l’enjeu dépasse l’écologie : « Je fais ce travail pour notre avenir. Nous n’avons ni école, ni hôpital. Mais je crois que la restauration des mangroves apportera des bénéfices à tous ».
Arh.