Mercredi des idées en goguette: Chronique d’un quotidien sous tension

Apparemment, il existe un nouveau mode d’emploi pour vivre dans la capitale en 2025. À commencer par le désormais in­contournable bidon jau­ne. Aujourd’hui, qu’ on soit haut placé ou simple citoyen, chaque foyer semble devoir en posséder deux ou trois. Et pour cause, même si cela n’est jamais an­noncé officiellement, tout le monde s’attend à une coupure d’eau à tout moment. Le pire, c’est que ces interruptions peuvent durer bien plus longtemps que prévu. Alors chacun se prépare comme il peut, prêt à affronter l’urgence.
Et malheureusement, la compagnie nationale chargée de l’approvisionnement en eau semble, quant à elle, à court d’arguments. Entre la vétusté des infrastructures et les conséquences du dérèglement climatique, les responsables peinent à fournir des explications convaincantes. Tandis que les usagers, eux, n’en peuvent plus.
Le second fléau, tout aussi pénible, concerne l’électricité. Les coupures intempestives sont devenues monnaie courante. Désormais, chacun s’équipe de kits de fortune tels que les power banks, les panneaux solaires, ou autres systèmes D. Ces derniers temps, les vendeurs de
« kits de délestage » continuent d’ailleurs de se proliférer sur les ré­seaux sociaux.
Travailleurs indépendants, freelances, grandes entreprises, personne n’est épargné. Enfin presque. Car certains gros acteurs peuvent encore s’appuyer sur des groupes électrogènes, un luxe que tout le monde ne peut se permettre. En tout cas, face à cette réalité, pour ceux qui travaillent en ligne, les astuces se multiplient pour protéger documents et travaux en cours, surtout quand les ordinateurs ne suivent plus le rythme des coupures.
À cela s’ajoute une autre forme de précaution : la sécurité. Ca­méras de surveillance, tasers, alarmes, sifflets, ou même cours de self-défense : les « kits de sécurité » sont aujourd’hui devenus des in­dispensables du quotidien. À la maison ou à l’extérieur, certains ne sortent plus la nuit sans leur équipement.
Tout cela pour dire qu’en dépit des discours officiels, la situation est loin d’être reluisante. Et pourtant, il faut le reconnaître : il y a dans la résilience des Malgaches quelque chose qui force le respect. Malgré tout, chacun continue de vaquer calmement à ses occupations quotidiennes.
Mais jusqu’à quand ? Nul ne le sait. Ce qui est certain, c’est qu’il ne faudrait pas trop abuser de cette « patience collective ». Car s’il n’est pas encore trop tard pour agir, il serait imprudent de croire que cela peut durer éternellement. Tout peut encore s’améliorer certes… à condition quand même de ne pas trop… On ne sait jamais.

Rakoto

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