Chaque début juin, Madagascar célèbre le retour de son indépendance, un moment solennel où le patriotisme devrait s’exprimer pleinement, notamment par la lever du drapeau national. Pourtant, cette année encore, si les bâtiments officiels arborent fièrement le drapeau, les rues et les maisons des quartiers d’Antananarivo et d’ailleurs restent curieusement silencieuses pour ne pas dire réticentes. Le patriotisme commence pourtant par ce geste, simple mais symbolique: hisser le drapeau. C’est un acte d’amour pour la patrie, un hommage aux martyrs qui ont donné leur vie pour la liberté de Madagascar. Le président Rajoelina l’a rappelé avec force : « Hissons tous notre drapeau national en signe de notre amour pour notre patrie ». Mais pourquoi cette invitation reste-t-elle largement ignorée par une partie de la population surtout dans la capitale? Plusieurs hypothèses se dessinent. D’une part, un déficit d’éducation civique et patriotique persiste, rendant floue la compréhension de ce que représente véritablement ce symbole national. D’autre part, les clivages politiques continuent d’entacher ce moment d’unité nationale. Il ne faut pas oublier qu’à une époque récente, l’opposition avait même appelé à ne pas hisser les couleurs nationales lors des célébrations, transformant un symbole de souveraineté en un instrument de division. Or, le drapeau ne saurait être l’otage des querelles politiques où il incarne la République, la souveraineté et l’identité malgache, indépendamment du régime en place. Ce paradoxe est d’autant plus frappant que les Malgaches répondent massivement présents aux défilés et aux cérémonies officielles, mais rechignent à s’impliquer dans cet acte simple et pourtant fondamental. Comment expliquer cette timidité grandissante ? La désobéissance civile, encouragée par certains discours politiques, fragilise le sentiment d’appartenance nationale et nuit à la cohésion sociale. Il est urgent de réhabiliter le drapeau comme un symbole rassembleur, au-delà des divergences d’opinion. Tant que coulera dans nos veines le sang malgache, hisser le drapeau national ne devrait pas être une option, mais un devoir, un geste naturel et régulier, au moins une fois par an lors de la fête nationale.
F.M