La Banque mondiale a récemment relevé le seuil de pauvreté absolue de 2,15 à 3 dollars par jour. Selon la définition classique, le seuil de pauvreté est une ligne de démarcation qui permet de déterminer si un individu ou un ménage est considéré comme pauvre.
Ce seuil est défini en fonction du revenu minimum nécessaire pour répondre aux besoins essentiels comme l’alimentation, le logement et les soins de santé. Il ne faut pas considérer le seuil de pauvreté comme une simple statistique car la pauvreté a beaucoup de conséquences sur les individus et les communautés.
Elle peut entrainer des difficultés d’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’alimentation, au logement, etc. Pour cette raison, cette décision va certainement apporter encore plus de bouleversement dans l’appréciation globale de la pauvreté dans beaucoup de pays, notamment dans les pays dits sous-développés.
Dans l’exemple de Madagascar, si en 2022, la pauvreté affectait déjà 75% de la population selon le seuil national fixé à environ 4.000 ariary par personne et par jour, le dernier rapport de la Banque mondiale publié en avril dressait déjà un constat alarmant.
Effectivement, selon ce dernier rapport, près de 80% des Malgaches vivaient sous l’ancien seuil de pauvreté. Avec ce nouveau barème, il va sans dire que cette proportion pourrait encore grimper sensiblement et donc certainement frôler les 85% sinon plus.
Ce constat est incontournable dans la mesure où 3 dollars équivalent à peu près à 15.000 ariary. En un mois, cela donnera un seuil de pauvreté égal à 450.000. Or, d’aucuns ignorent que le Smig malgache est fixé 262.680 ariary. Et beaucoup de salariés sont rémunérés au niveau du Smig
Comme on peut le constater, il existe encore une très grande différence entre le Smig et le seuil de pauvreté tel que fixé par la Banque mondiale. Mais est-ce à dire que la grande majorité vit dans la pauvreté ? La notion de pauvreté est difficile à cerner avec précision et il ne faut pas se limiter aux conventions normatives admises.
A ce titre, seulement considérer le revenu ou l’aspect monétaire des individus ou des ménages serait susceptible d’induire en erreur. Par exemple, il faut tenir compte des activités non marchandes telle que l’autoconsommation… et surtout ne pas oublier que la consommation de chaque ménage est différente.
Cette dernière ne se fixe pas seulement sur la capacité monétaire. Il existe également un choix volontaire de consommation dépendant d’autres facteurs. Ces facteurs déterminent qu’on le veuille ou non la consommation. Et chaque différence ne signifie pas une insuffisance.
Mais quoi qu’il en soit, il existe une grande disparité entre les riches et les pauvres à Madagascar. Ne pas le reconnaitre serait nier la réalité. Et pour atténuer les disparités flagrantes, une meilleure redistribution des richesses est requise. Cela permettra non seulement à chacun de vivre à sa guise mais cela réduira également et fortement le taux de pauvreté.
Aimé Andrianina