Absent de leur vocabulaire

Les députés ont ré­cemment rencontré à Tsimbazaza le ministre des Finances et de
l’économie. Cette rencontre s’est tenue à huis clos. Pourquoi à huis clos ? C’est la question que se posent beaucoup d’observateurs. On ne peut pas se tromper : il a été question des intérêts particuliers des mem­bres de l’Assemblée nationale.
Effectivement, une séance à huis clos limiterait, autant que faire se peut, les fuites éventuelles concernant le ou les sujets qui ont été discutées. Et bien évidemment, ce ou ces sujets doivent être suffisamment sensibles pour qu’on ait écarté toute oreille indiscrète.
Et comme par ha­sard, cette rencontre se déroule juste quelques jours avant que les
membres du gouvernement ne passent devant l’Assemblée nationale tel qu’il est programmé. Et cette rencontre risque d’être chaude si les dé­putés jouent bien leurs rôles.
En effet, ce sera l’occasion pour les députés de poser des questions sur de nombreux sujets brulants qui intéressent l’opinion publique tels que les délestages incessants qui affectent profondément la population (aussi bien les particuliers que les entreprises), Base Toliara, l’insécurité grandissante, etc.
Et avec ces sujets brulants, les élus de Tsim­bazaza se trouvent en position de force pour discuter sur certains avantages additionnels dont ils aimeraient bénéficier. A ce sujet, l’opinion publique est déjà fixée. Malgré les nom­breux avantages qui leur sont accordés, les locataires de Tsimbazaza ne sont jamais rassasiés.
Et cette soif démesurée d’avantages n’a pas de limite. Faut-il se rappeler que, par le passé, certains députés avaient lancé l’idée qu’on leur accorde une pension de retraite à la fin de leur mandat ! Heureusement, l’idée a été morte dans l’œuf. Autrement, nos élus auraient été la risée de toute la planète.
Quoi qu’il en soit, on ne peut pas manquer de porter une remarque sur un aspect de la loi électorale qui semble montrer une certaine lacune. D’aucuns ignorent qu’ un député est élu dans une circonscription donnée. Logiquement, la communauté composée des électeurs de cette
circonscription devrait détenir un pouvoir de décision de le maintenir ou non suivant ses résultats.
Seulement, après son élection, les électeurs
de cette circonscription n’ont plus aucune voie de recours pour le destituer de son statut, quand bien même ses actions et ses choix ne se situent dans la ligne de la défense des intérêts et aspirations de ceux qui l’ont élu.
Bien au contraire, seul son parti d’appartenance peut agir dans ce sens. C’est certainement la raison pour laquelle, pour une grande partie des députés qui se sont succédé dans le pays, la notion de redevabilité à l’égard de ceux qui les ont portés à l’hémicycle ne figure pas dans leur vocabulaire.

Aimé Andrianina

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