Du 28 septembre au 17 octobre dans la zone Zital Ankorondrano, 13 artistes issus d’horizons différents se font le porte-voix de l’écologie à travers la deuxième édition de l’installation collective «Antson’ny tontolo miaina – Interpeller le vivant », qui a pour thème « Ravorona ». Curatrice et non moins initiatrice du projet, Ihoby Rabarijohn nous en dit plus. Interview.
*Les Nouvelles : Pour commencer, parlez-nous de l’idée fondatrice de ce projet
– Ihoby Rabarijohn : Il s’agit d’une exposition artistique autour de l’environnement, qui trouve son origine en mai 2023 à Antananarivo. Loin des discours moralisateurs, « Antson’ny tontolo miaina – Interpeller le vivant » veut participer à la transmission du message d’urgence climatique à Madagascar, en faveur d’une vision sensible grâce à l’émerveillement. L’idée est aussi d’éveiller les consciences sur les problèmes environnementaux.
*S’agit-il d’une certaine forme d’engagement artistique ?
– Chacun d’entre nous peut agir à son échelle pour la planète. De leur côté, les artistes ont ce don de pouvoir faire passer le message par le sensible. L’objectif étant justement de sensibiliser par le sensible, toucher, émerveiller et faire prendre conscience de l’urgence climatique et environnementale, à travers l’art.
*Comment s’est déroulée la sélection des artistes participants ?
– La sélection des artistes participants s’inscrit dans une approche interdisciplinaire et fédératrice, tout en tenant compte de la qualité du travail, la démarche créative et l’engagement envers notre environnement. Cette année, nous avons un auteur, une poétesse, des designers, des artistes plasticiens bien entendu, un photographe, résident, issus de la diaspora et ceux qui tissent un lien particulier avec la Grande île. Johary Ravaloson, landry Randriamandroso, Masami, Andri Marcel, Fifaliana Nantenaina, Fanjar, Amalia Ramanankirahina, Olivia Bourgois, Saïda Augustine, Na Hassi, Kiady Ratovoson, Xavier Fischer et Verena Konrad constituent l’ossature de cette édition.
*Et le choix du thème ?
– Madagascar est connu comme une destination « BirdWatching » avec ses oiseaux endémiques, quelques espèces sont cependant actuellement menacées de disparition. Outre leur rôle important dans l’imaginaire collectif, les oiseaux portent en l’occurrence, le symbolisme universel de la résilience, de l’harmonie entre l’homme et la nature et de la continuité de la vie, en outre ils sont d’excellents indicateurs de l’état de l’environnement et des sentinelles de la nature. Fort présents dans la littérature malgache, les oiseaux incarnent également, dans la culture locale, le lien entre le ciel et la terre et possèdent des forces capables d’interférer sur le monde des vivants. L’exposition « Ravorona » interroge comment par leur façon d’être au monde, les oiseaux peuvent véhiculer le message d’espoir sur le soin de la nature et de l’environnement dans l’île ?
*Quels sont les temps forts de l’événement ?
– Cette deuxième édition s’articule autour d’une exposition, des live performances, des conférences et des ateliers portant sur l’art et de l’environnement. Elle propose un éclairage unique sur des artistes de différentes disciplines, qui par leur créativité et résilience, renouvellent chaque fois plus notre regard sur l’île et ses transformations endémiques. Une exposition hors les murs intitulée « Our Birds, Ny Vorontsika » de l’artiste plasticien et muraliste Iandry Randriamandroso, dont je suis également la curatrice, se déroule jusqu’au 21 octobre chez Flow Gallery Ivandry.
*Vous avez un agenda partagé avec Madajazzcar, cette année.
– Effectivement. La collaboration avec Madajazzcar remonte en 2023, depuis la première édition de Antson’ny tontolo miaina, animée par les mêmes valeurs, celles de l’amour de la nature et des arts. Dans ce dessein, une bonne poignée de musiciens vont laisser libre cours à leur talent et à leur créativité ce 5 octobre, de 17 heures à 19 heures. C’est une occasion pour les amoureux du jazz et le public mélomane d’apprécier de la bonne musique et de découvrir l’exposition « Ravorona ».
Propos recueillis par Joachin Michaël