Marché carbone: une opportunité pour les communautés africaines

Les marchés du carbone représentent une source potentielle de revenus pour les pays africains et peuvent accélérer le développement durable. Toutefois, des questions majeures subsistent concernant les droits des communautés locales (CLs) et des peuples autochtones (PAs), notamment au sujet de la répartition des bénéfices et leur implication dans ces projets.

Des recherches démontrent que «la reconnaissance légale des droits fonciers et forestiers des PAs et CLs favorise des bénéfices sociaux et environnementaux plus importants et équitables, comparée à une gestion par l’Etat ou le secteur privé», a évoqué le directeur technique au sein de la Solidarité des intervenants sur le foncier (Sif), Lahatra Harijery, en marge de l’atelier de formation des formateurs sur les marchés du carbone et la vente de crédits carbone en Afrique, organisé du 1er au 3 octobre à Antananarivo. Cet événement, organisé par la «Coa­lition Initiative pour les droits et les ressources – Rights and Resources Ini­tiative (RRI)» en collaboration avec la Sif, a pour objectif de renforcer les capacités des participants sur les enjeux liés à ce marché en pleine expansion.

Le directeur des programmes Afrique du RRI, Patrick Kipalu, a souligné qu’il est important de sécuriser les droits fonciers des communautés autochtones et locales. Le RRI, coalition mondiale, soutient ces communautés dans la reconnaissance de leurs droits coutumiers. Selon ce responsable, «seules 11% des terres africaines sont légalement re­connus comme appartenant à ces groupes, alors qu’elles en revendiquent environ 80%». Et ces terres, parmi les plus riches en carbone, sont au cœur des enjeux climatiques. La question du partage des bénéfices liés au marché carbone reste problématique. Patrick Kipalu insiste ainsi sur la nécessité «d’informer les communautés locales sur ce marché, afin qu’elles puissent en tirer parti et renforcer leur autonomie».

Maîtrise globale
L’atelier se concentre sur plusieurs objectifs spécifiques : d’abord, comprendre les mécanismes du marché volontaire du carbone et les approches liées à la biodiversité. Ensuite, évaluer les avantages et risques pour
les communautés locales et enfin, assurer le respect des droits des femmes et des communautés dans ces projets. Soit, donner aux participants une maîtrise globale de ces sujets, dans un cadre spécifique à chaque sous-région.
Les délégués présents viennent de différents pays africains, tels que la Répu­blique Démocratique du Congo, le Gabon, le Came­roun, l’Ouganda ou encore le Liberia, reflétant l’ambition de cet atelier à servir de modèle pour d’autres ré­gions du monde. Ce partage d’expériences et de savoirs doit permettre de renforcer la protection des droits des communautés locales et d’assurer une participation active à l’élaboration des projets carbone.

A terme, cette initiative souhaite s’étendre à d’autres régions du monde pour garantir un modèle de gestion du carbone qui respecte les droits des communautés locales. Les participants recevront un certificat de formateur en crédits carbone à l’issue de l’atelier, les habilitant ainsi à être des acteurs clés dans la promotion de projets responsables.

Arh.

Partager sur: