Andekaleka à sec: les groupes thermiques et les pluies provoquées à la rescousse

Les défis de la production électrique à Madagascar, restent énormes. Andekaleka est à sec. Seuls deux des quatre groupes composant la centrale hydroélectrique qui fournissent les 55 % des besoins en électricité du réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA) tournent. Le délestage risque de perdurer.

«La réduction des délestages à Antana­narivo et ses environs nécessite du temps », à en croire les explications du directeur général adjoint en charge de la Production au sein de la Jirama, Manda Ny Aina Nomena, lors d’une descente à Ande­kaleka hier. Pour cause, les défis majeurs de la production d’électricité et la lente mise en œuvre des solutions pérennes.
« Parmi ces solutions, la mise en service de la nouvelle centrale thermique de 105 MW à Ambo­himanambola, prévue pour juin 2025, est vue comme une réponse temporaire avant un basculement vers les énergies renouvelables », a-t-il expliqué.

Pluies artificielles

En attendant, les coupures d’électricité, d’une durée d’au moins deux heures par jour, continueront de perturber le quotidien des habitants d’Antananarivo et Antsirabe. Pour atténuer l’impact de cette situation, la Jirama envisage d’autres mesures, comme le recours aux pluies artificielles.
« Une opération pourrait être déclenchée d’ici la fin de la semaine, à condition que les con­ditions météorologiques soient favorables », a indiqué le DGA. Cette initiative a pour objectif d’augmenter le niveau des rivières et lacs alimentant la centrale hydroélectrique d’An­dekaleka, dont le fonctionnement est actuellement fortement ralenti.
Andekaleka, principale source d’électricité de la capitale, fonctionne en dessous de sa capacité maximale en raison de la baisse du débit de la rivière Ivohitra. Alors qu’un débit de 48 m³/s est nécessaire pour une production optimale d’au moins 112 MW, le débit actuel ne dépasse pas les 23 m³/s, affectant ainsi la production sur le RIA. Par conséquence, seulement deux des quatre groupes hydroélectriques de la centrale sont en service, aggravant les délestages.

Solutions d’urgence

Pour pallier au problème immédiat d’approvisionnement, deux groupes thermiques de la Tac à Ambo­himanambola, sont mis en services aux heures de pointe. Le mal nécessaire étant donné que ces deux groupes consomment 14.000 litres de gasoil par heure, pour fournir 30 MW d’électricité.
Manda Ny Aina Nomena a également annoncé un projet à long terme : la création d’un barrage de rétention en amont d’Andekaleka. « Ce barrage, d’une capacité de 400 millions de m³, permettrait de maintenir un approvisionnement en eau régulier pour la centrale pendant la saison sèche, où la baisse du débit est particulièrement marquée ». Ce projet,pourrait se concrétiser d’ici deux à trois ans.
Cependant, cette ambition se heurte à des problèmes en­vironnementaux. Claudine Soatombo, maire de la commune d’Andekaleka, a dénoncé « les pratiques de déforestation, d’agriculture sur brûlis (tavy) et d’exploitation minière illégale qui dégradent les bassins versants de la rivière Ivohitra ». La destruction de l’environnement contribue non seulement à la réduction des précipitations, mais fragilise aussi les ressources hydriques vitales pour la production d’électricité.
Face à ces défis multiples, la Jirama cherche des solutions à la fois immédiates et structurelles. Le pays devra encore patienter pour voir des améliorations concrètes dans l’approvisionnement en électricité, tout en espérant que les projets envisagés puissent se concrétiser et répondre aux besoins croissants de la population.

Arh.

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