Délestages : les industriels incités à s’autoproduire en énergie

Pour Les Nouvelles, Tiana Rasamimanana, Président du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) exprime les attentes des industriels par rapport aux coupures d’électricité récurrente dernièrement. Entretien

Les Nouvelles : Nous faisons actuellement face à des délestages tournants dans la capitale. Les coupures concernent tout aussi bien l’approvisionnement en eau dans certains quartiers. Comment cela se répercute-t-il au niveau de vos membres ?

Tiana Rasamimanana : Effectivement, nous faisons face au même contexte que l’année dernière et les répercussions au niveau de nos membres, les industriels n’ont pas changé. Les coupures d’électricité engendrent des coûts supplémentaires du fait de l’utilisation des groupes électrogènes. Cela impacte également les processus de production. Dans l’industrie du plastique par exemple, tout est remis à zéro quand l’électricité fait défaut. Les produits abandonnés en cours de production sont irrécupérables et deviennent des déchets et cela occasionne bien évidemment des pertes.

Avez-vous échangé avec les autorités compétentes pour discuter de ce problème. Aujourd’hui, quelles sont vos revendications pour affronter cette situation ?

Nous avons échangé avec le directeur général de la compagnie d’eau et l’électricité qui affiche une volonté de poursuivre les échanges avec nous, industriels. Maintenant, nous nous sommes résignés de cette situation ! Mais il faut tout de même que le planning de coupure établi par la Jirama soit respecté.

C’est seulement grâce à cela qu’on va pouvoir s’organiser. On peut par exemple, décommander les ouvriers durant les coupures, suspendre les processus de production. On peut tout reprendre une fois que le courant sera rétabli après un délestage qui dure deux ou trois heures. Malheureusement, les programmes de coupure ne sont pas respectés.

Y a-t-il d’autres chantiers en cours allant dans ce sens ?

La Jirama est aussi membre du Syndicat des Industries de Madagascar. En fait, l’une des tâches du directeur général est d’assainir la gestion de la compagnie nationale d’eau et d’électricité et essayer d’augmenter la recette, car la compagnie continuer d’opérer une vente à perte. Quand ces deux conditions seront réunies, il sera tout à fait envisageable que l’Etat subventionne la Jirama, en attendant que le gap de production soit comblé. D’ailleurs, nous sommes en pleine discussion avec la Jirama sur une éventuelle augmentation de tarifs, mais pour cela, il faut un terrain d’entente, ni les industriels, ni la Jirama ne doivent être perdants.
Dans l’immédiat, que prévoyez-vous pour contourner ce problème lié à l’énergie ?

En attendant les solutions proposées par les autorités. Nous incitons nos membres à s’autoproduire en énergie. Certaines entreprises le font déjà. Le surplus de production pourrait être vendu à la Jirama et injecté sur son réseau. Le mécanisme existe déjà mais les modalités de paiement par la Jirama méritent d’être éclaircie.

Sur un tout autre plan, Madagascar s’apprête à accueillir le CEO Summit. Qu’attend-on de ce genre d’évènement ?

Le CEO Summit se tiendra en décembre à Antananarivo, dans le cadre du 65ème anniversaire du SIM. D’ailleurs, les membres du SIM feront partie des participants fédérant à cet évènement.

Il y a beaucoup de potentiel au niveau de l’Océan indien et tout cela mérite d’être mis en avant. On doit impérativement en discuter pour exploiter et développer les opportunités tous ensemble. En effet, Madagascar dispose de ses viviers industriels, l’ile Maurice a le tourisme et ainsi de suite. Maintenant, la question est de savoir comment travailler ensemble pour développer le “Made in Indian Ocean”. L’évènement regroupera tous les CEO de l’océan indien. L’objectif est surtout de détecter les axes de développement en commun et comment les mettre en œuvre. Il y aura des rencontres avec les gouvernants et des rencontres entre les entrepreneurs.

Le but est de faire ce forum tous les ans. Car au-delà du développement de la région océan indien, nous avons aussi des éventuels partenaires hors de la région qui pourrait contribuer et coordonner. On attend entre 300 à 400 personnes. Nous allons prochainement effectuer un road-show à l’île Maurice et La Réunion pour sensibiliser les CEO.

Tiana Ramanoelina

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