Une filière qui a de l’avenir

En matière d’alimentation, globalement, la population malgache en­registre un déficit en protéines d’origine animale, notamment à partir de produits ha­lieuti­ques. Ce qui est étonnant, a priori, pour une île qui, de plus, est dotée de plusieurs plans d’eau (fleuves, lacs…).
Bien sûr, les Mal­gaches consomment de plus en plus de produits halieutiques. Ain­si, en 2023, la consommation moyenne nationale était de 7 kilos par personne par an contre 3,5 kilos auparavant, Autrement dit, la con­sommation a enregis­tré une nette progression puisqu’elle a doub­lé.
Toutefois, cette progression est à relativiser parce qu’on reste en­core loin des normes internationales qui sont de 24 kilos par an. Cette faiblesse de la consommation s’explique par différentes raisons. La première à considérer est la faiblesse de la production.
Actuellement, la production nationale est de 30 000 tonnes par an seulement alors qu’elle devrait se situer à 160 000 tonnes par an. En raison de cette insuffisance de la production, les prix sont encore élevés. Cela empêche la population d’en consommer selon son désir.
Pour expliquer cette faiblesse de la production, on peut également avancer plusieurs raisons. Tout d’abord, il faut savoir que la pêche en haute mer est difficile et dangereuse pour les pêcheurs artisanaux qui approvisionnent principalement les différents marchés locaux.
Et surtout, ils ne dis­posent pas d’équipements adéquats tels que les embarcations qui leurs permettraient d’aller pêcher plus loin au large où les prises se­raient plus importantes. Ce type d’équipement ainsi que les autres accessoires de pêche ne leur sont pas accessibles, étant trop chers.
Quant à la pêche fluviale ou lacustre, la production enregistre une diminution progressive. Les poissons se raréfient pour différentes raisons. Tout d’abord, on peut citer l’exploitation intensive de tous les plans d’eau. Et bien souvent, les pêcheurs ne respectent même pas le calendrier de pêche établi par les autorités.
Ce non-respect des calendriers de pêche em­pêche les poissons de se reproduire ou de grandir. Par ailleurs, il arrive que le matériel de pêche utilisé ne corresponde aux normes exigées (utilisation de moustiquaires dans certaines régions de pêche …).
Il existe également des facteurs liés à l’environnement qui influent sur la production. Tel est le cas dans le Lac Alaotra qui, dans le temps, était réputé pour sa production de divers types de poissons tel que le « besisika » (carpe)… . Suite à l’ensablement du lac, il y a moins de poissons.
Face à ce déficit de protéine animale d’origine halieutique, la pisciculture se présente com­me étant la meilleure alter­native. Le ministère en charge de la pêche s’efforce de former les intervenants pour qu’ils de­viennent des pisciculteurs professionnels. Avec sa marge de progression énorme, la pisciculture est une filière qui a de l’avenir.

Aimé Andrianina

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