Coupures d’électricité : les petites entreprises en souffrance

Plus d’investissements, moins de bénéfices. Beaucoup d’entreprises sont au bord de la faillite. Depuis plus de deux mois, la vie est devenue insoutenable pour les petites entreprises en raison des coupures de courant incessantes qui les étouffent. Elles tentent de gérer la situation tant bien que mal, mais affirment ne plus pouvoir continuer ainsi sans risquer de lourdes pertes financières.

Les petites entreprises tiennent le coup. Les coupures incessantes d’électricité dans différents quartiers rendent leur activité de plus en plus difficile. Heritahiana Rasaona Vonjinavalona possède un salon de coiffure à Ankorondrano. Depuis le début des coupures programmées, la clientèle se fait rare. “Oui, cela peut paraître étrange, mais les gens fréquentent moins les salons de coiffure lorsqu’ils savent qu’il n’y a pas d’électricité. On dirait qu’ils ont moins envie de prendre soin d’eux.”

Habituellement, ce coiffeur reçoit environ huit à 10 clients par jour, et encore plus le week-end. Cependant, ces derniers temps, il n’a eu que deux ou trois clients en trois jours. La raison est simple : les coupures répétitives ont provoqué des désagréments dans son salon, dissuadant les clients de revenir. “Par exemple, une partie des cheveux est faite, et l’autre non. Quand cela arrive, les clients ne paient rien. Donc je travaille gratuitement”, témoigne-t-il. Ensuite, les clients doivent attendre le retour de l’électricité pour que leur demande soit satisfaite. Seuls les plus patients sont prêts à rester jusqu’à la fin.
Pour les autres entreprises, cela implique un investissement supplémentaire dans du matériel de qualité, ce qui complique encore plus les choses. Les plus privilégiés arrivent à investir dans un groupe électrogène, mais cela engendre des frais supplémentaires, car il faut toujours payer la facture à la fin du mois. “Depuis deux mois maintenant, notre volume de production a diminué, ce qui a également entraîné une baisse des recettes pour l’entreprise. Le problème est que notre activité dépend entièrement des programmes de coupures. Lorsque les clients passent des commandes, nous leur expliquons toujours les horaires des coupures pour qu’ils comprennent la situation. Certains acceptent, d’autres non, mais que voulez-vous, c’est devenu une routine depuis quelque temps”, témoigne Nandrianina Rakotoson, employée dans un atelier d’impression.

Pour fonctionner, son entreprise a dû utiliser un groupe électrogène, mais celui-ci n’est utilisé que pour des “grandes occasions”. “Quand nous avons de gros clients avec des commandes urgentes, nous utilisons le groupe électrogène. Sinon, nous ne l’utilisons pas parce que cela génère des coûts supplémentaires.” Selon Nandrianina Rakotoson, les recettes de l’entreprise ont diminué de 50% en raison des coupures d’électricité. Il s’inquiète pour l’avenir de l’entreprise. “En une journée, nous bénéficions au maximum de 6 heures d’électricité, et pourtant la facture que l’on reçoit nous paraît être la même que lorsque nous utilisons l’électricité à plein temps. C’est décourageant, car nous continuons à dépenser alors que notre activité est déjà fragilisée par la situation”, regrette-t-il.

Fannya Lantosoa, qui travaille dans le domaine de l’externalisation, témoigne également de la nécessité d’acheter du matériel supplémentaire pour pallier les défaillances de la Jirama. “Le plus difficile, c’est que nous devons investir, par exemple, dans un deuxième PC pour effectuer des sauvegardes, acheter plus de batteries externes, de stabilisateurs et d’onduleurs. C’est compliqué car les équipements électroniques coûtent cher, mais nous devons le faire pour ne pas décevoir les clients. Il nous arrive, par exemple, de faire des conférences téléphoniques avec des clients et de perdre l’électricité, ce qui coupe le wifi, et cela devient un véritable problème”, explique-t-elle.

Heritahiana Rasaona Vonjinavalona a également constaté la nécessité d’investir dans plus de matériels, mais manque de moyens pour le faire. Selon lui, l’État devrait fournir des solutions à long terme pour les coupures d’électricité afin d’aider les petites et moyennes entreprises, “car si cela continue, elles ne pourront plus fonctionner”.

Nambinina Jaozara

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