Crise d’électricité : le coworking a le vent en poupe

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. La crise de l’électricité a permis aux espaces de coworking de voir leur clientèle doubler en l’espace de deux mois. Ces espaces offrent des équipements de haute qualité, une connexion Internet haut débit, ainsi qu’une garantie de fourniture d’électricité sans interruption pendant toute la journée. Quoi de mieux pour échapper à la redoutable crise de l’électricité dans la capitale ?

Vers 2017, lorsque le concept de coworking commençait à fleurir à Madagascar, des consultants, startupers, travailleurs indépendants et nomades s’y rendaient pour rompre l’isolement, développer leurs projets dans un environnement apaisant et convivial, mais surtout pour rencontrer de nouveaux partenaires et créer des opportunités d’affaires. À l’époque, les espaces de coworking attiraient des clients, mais pas suffisamment pour remplir les salles. Actuellement, depuis deux mois, le nombre de clients dans les espaces de coworking de la capitale a explosé. Les travailleurs ne viennent plus pour les mêmes raisons qu’avant. Ils cherchent principalement à fuir la redoutable crise de l’électricité qui sévit depuis des mois. Parmi eux, de nombreux freelances travaillant dans l’externalisation, qui veulent éviter les coupures de courant pendant des entretiens en ligne avec des clients importants. D’autres sont des entrepreneurs qui ne souhaitent pas voir leurs projets ruinés par des pannes d’électricité effaçant des semaines de travail.

Nirina Ramanandraitsiory est co-gérante d’ActionSpace Coworking Madagascar, un espace de coworking situé à Ankerana, en plein centre-ville. Depuis deux mois, elle a vu sa clientèle doubler. Alors qu’elle recevait auparavant une dizaine de clients par semaine, elle en accueille désormais en moyenne trente par semaine. “Nous avons commencé à refuser les demandes de réservation parce que l’espace ne peut pas contenir autant de monde. Avant, nous recevions les clients même sans réservation, mais maintenant, il faut impérativement réserver sinon il n’y a plus de place”, explique la co-gérante. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dirait-on, mais ce n’est pas par hasard que les gens se bousculent dans son espace à Ankerana. En effet, Nirina Ramanandraitsiory a investi dans du matériel informatique et énergétique de qualité pour pouvoir obtenir ce genre de résultat.

“En effet, nous payons actuellement environ 120.000 ariary de carburant pour entretenir le groupe électrogène, sans parler des investissements que nous avons faits pour les back-ups, les onduleurs, les convertisseurs et les chargeurs. Les coupures d’électricité répétitives ont eu un impact sur notre société, mais nos dépenses sont couvertes par l’augmentation du nombre de clients”, témoigne Nirina Ramanandraitsiory. Dans son espace de coworking, les clients ne se sentent pas comme s’ils étaient à Tanà. Pendant un instant, ils oublient l’existence du délestage, même s’ils sont rapidement rattrapés par la réalité en rentrant chez eux.

Pour la plupart des locataires, qui sont des travailleurs indépendants, il est plus facile de louer une journée en coworking que de rester chez soi. “J’ai eu une cliente, par exemple, qui a subi 9 heures de coupure chez elle. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’entrepreneurs qui peuvent se permettre de payer un groupe électrogène, donc c’est plus avantageux pour eux de venir chez nous”, explique encore la co-propriétaire d’ActionSpace Coworking Madagascar. Elle propose un tarif de 10.000 ariary pour une période de moins de 4 heures, 15.000 ariary la journée, et 320.000 ariary par mois. Les clients bénéficient de tout le matériel dont ils ont besoin lorsqu’ils louent un espace.

Le coworking représente un nouveau mode de travail basé sur un espace partagé, visant à favoriser les échanges et la synergie entre les entrepreneurs présents. Lorsque des entrepreneurs du même secteur d’activité se côtoient, les interactions entre les membres permettent de créer des synergies, d’associer des compétences et d’ouvrir des opportunités d’affaires. Le concept est né dans les années 1990 à Berlin puis popularisé aux États-Unis. Le virus du coworking a mis du temps à faire ses preuves dans le monde des affaires à Madagascar. À ses débuts, vers 2017, le concept était encore nouveau, et la clientèle ne se bousculait pas à la porte. Les propriétaires d’espaces de coworking, majoritairement des étrangers ou des Malgaches ayant travaillé ou étudié à l’étranger, s’efforçaient de faire connaître le concept. Au fil du temps, de nombreux espaces ont vu le jour, se propageant dans des villes d’affaires comme Taolagnaro et dans la capitale. Ces espaces attirent particulièrement les travailleurs indépendants, les startupers et les nomades.

Nambinina Jaozara

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