Ankazobe: le « Santa-boly » célébré dans la pure tradition

« Nous n’avons qu’un seul ennemi, la famine », cette phrase culte du souverain Andrianampoinimerina a résonné comme l’hymne du « Santa-boly », marquant le début de la saison culturale, hier au Gentlemen Farmers, Vohikanto, dans le district d’Ankazobe.

Vers 10 heures, alors qu’il commençait à faire chaud, les gardiens de la tradition se sont empressés d’entrer dans une arène en latérite, aménagée spécialement pour accueillir la cérémonie. Après avoir rassemblé des objets du quotidien, comme le miel, l’eau de source, la bêche et le chapeau de paille, les rituels peuvent commencer.
Comme le veut la tradition, c’est au « Zanak’anti­tra » que revient l’honneur d’inaugurer la cérémonie à travers l’office de prières.
«En cette période de pleine lune du printemps, il est de coutume d’adresser des prières envers le Créateur pour qu’il puisse nous accorder sa bénédiction, en vue d’une nou­velle saison abondante, riche en moisson et prospère», explique Mena Ma­nanka­sina, astrologue. Vient en­suite le «fafy rano», la bénédiction de la jeune plante.
Les semis du riz sont par la suite mis en terre par la gent féminine, la femme étant considérée comme source de la vie.
« Jadis, quand nous entrions de plain-pied dans la saison du lohataona, nos ancêtres commençaient à travailler les rizières pour la culture du riz. C’est un art ancestral. A l’époque, la plaine de Betsimi­tatatra était constamment animée. C’est justement cette tradition plusieurs fois séculaire que nous voulons perpétuer au pays des Vonizon­go », se re­mémore Hamon Randria­mahary, représentant des Olobe.
Célébrée dans la pure tradition, la fête du Santa-boly a été honorée par la présence des paysans locaux, ingénieurs agronomes, notables et descendants de la communauté royale. Une représentation de Hiragasy assurée par le charismatique Ramilison Besigara Zanany, a clôturé en apothéose la cérémonie à Ankazobe.
« Dans un contexte où l’urgence climatique est devenue une affaire de tous, il est essentiel de revenir aux sources et de se reconnecter à la nature », conclut Tsimba Randriamiarintsoa, ingénieur agronome spécialiste du système de riziculture intensive (SRI).

Joachin Michaël

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