Mercredi des idées en goguette: De la culture du buzz

De la culture du buzz ou de la culture de médiocrité ? Les deux ne semblent pas très loin l’une de l’autre. Apparemment l’adage qui dit, « pour vivre heureux vivons cachés » ne fait plus partie du vocabulaire de la jeune génération.

Et pour cause, ces derniers temps, la réa­lité c’est qu’on déballe tout à travers les ré­seaux sociaux. De la vie de couple au quotidien à la vie professionnelle, en passant par les détails qui, parfois, détonnent, dans les restaurants, les coiffeurs, dans la salle de bains…etc. Tout se fait pour se démarquer. Certains en ont même fait leur job. La règle est de « Tu veux devenir célèbre. Il nous faut une histoire à inventer ». Et la plupart du temps, ces histoires d’une telle ou telle artiste qui ne s’entend pas avec une autre. Cer­tains frôlent même la calomnie. Voilà une réa­li­té bien américaine qu’une grande partie de la jeunesse, occidentalisée, commence à ancrer dans la réalité malgache.

Il faut se rappeler que la culture du buzz trouve ses racines dans plusieurs phénomènes sociaux et technologi­ques qui se sont développés au fil des décennies, depuis l’ère des médias traditionnels, elle s’est accentuée avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux avec la recherche du sensationnalisme. Au­jourd’hui, les plateformes comme facebook, twitter, instagram, youtube, et plus récemment tik-tok ont permis à n’importe qui de devenir créateur de contenu à n’importe quand. Et pire, certains font n’importe quoi pour se faire voir et se prétendent être influenceurs et in­fluenceuses.

Pendant ce temps, des compatriotes, apparemment en manque
de sensation et avides d’histoires croustillantes s’en délectent. Il suffit de voir les commentaires et les réactions par rapport à une publication pour le comprendre. Un artiste qui publie ses œuvres ne reçoit pas plus de « like » que celui ou celle qui publie les aventures de son couple. Le hic c’est qu’il existe apparemment une dé­pendance affective de ces soi-disant artistes sur les réseaux sociaux. Récemment encore, la disparition d’une artiste de variété a fait l’objet d’une vive polémique à cause de la publication des discussions privées entre la défunte et les personnes censées être ses proches.

Évolution numéri­que, dites-vous ? C’est pro­bablement le cas, d’autant plus que certains d’entre eux en viennent presque à ravir le travail des communicants et des journalistes. Depuis quel­ques années, des or­ga­nisateurs d’événement ont en effet choisi de prendre attache auprès des influenceurs plutôt que de faire appel aux communicants. Tant mieux si cela peut faire évoluer la société, sauf que cette culture de mé­diocrité avilit irrémédiab­lement le sens de la soli­darité et de l’entraide dans la culture malgache. Et ça c’est loin d’être une bon­ne chose pour un pays comme Madagascar.

Rakoto

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