Les délestages empirent. Les abonnés de la Jirama sont dans une impasse, surtout ceux d’Antananarivo et ses environs qui ne savent plus à quel saint se vouer. La crise de l’électricité est telle que certaines entreprises se voient contraintes de réduire leurs activités, voire de cesser définitivement leurs opérations, aggravant ainsi leur situation économique déjà fragile.
Les programmes de délestage ne discontinuent pas et les manifestations de ras-le-bol des habitants de certains quartiers se multiplient.
La grève qui a eu lieu du côté d’Ambohipo s’est notamment soldée par des échauffourées entre les
grévistes et les forces de l’ordre.
Parallèlement, les témoignages affluent, notamment sur les réseaux sociaux, décrivant l’impact désastreux des coupures de courant. Des petites et moyennes entreprises (PME) sont particulièrement touchées. Certains opérateurs, acculés par des coûts fixes qu’ils ne peuvent plus supporter, se voient contraints de fermer leurs portes. C’est le cas d’un cybercafé à Ankadifotsy dont le gérant, après six années d’activité, a dû quitter son local suite à une accumulation de charges devenues impossibles à honorer en raison des fréquentes coupures. «Nous avons été expulsés par les propriétaires parce que nous ne pouvions plus payer les loyers», déplore-t-il.
D’autres secteurs ne sont pas en reste. Un coiffeur à Analamahitsy témoigne de la chute drastique de son chiffre d’affaires. «Cela fait cinq semaines que je n’ai plus de clients à cause des coupures. Je cherche désespérément une autre activité pour subvenir aux besoins de ma famille». Ce cas n’est pas isolé, et de nombreux entrepreneurs se retrouvent dans des situations similaires.
Les entreprises dénoncent une situation intenable : ne pouvant plus fonctionner normalement, elles sont forcées de recourir à des groupes électrogènes, une option coûteuse que peu peuvent se permettre. Cette situation accentue les difficultés financières de nombreuses sociétés, déjà fragilisées par la conjoncture économique.
La Jirama tente de rassurer
Face à ces défaillances, la Jirama, malgré tout, prévoit a priori de maintenir la pénalisation pour les abonnés, c’est ce qui est en tout cas mentionné dans les factures. Une pénalité de 5% est appliquée en cas de retard de paiement. Ces dernières semaines, les files d’attente interminables devant les agences de la Jirama illustrent bien la crainte des usagers d’être pénalisés pour des problèmes qui ne leur sont pas imputables.
Hier encore, la Jirama a confirmé que des coupures intermittentes allaient persister dans plusieurs zones, justifiant cette situation par la baisse du niveau des eaux qui alimentent les centrales hydroélectriques du réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA). Les groupes thermiques, sollicités en remplacement, subissent également des pannes fréquentes.
Toutefois, la société d’Etat tente de rassurer la population en affirmant qu’elle s’efforce de résoudre la crise. Des solutions ponctuelles ont été annoncées, comme la fin des délestages à Morafenobe, Ihosy et Ranohira, grâce à l’installation de nouveaux groupes thermiques.
Arh.