Conjoncture socio-économique : l’Eglise catholique appelle à agir que parler

Comme il fallait s’y attendre à l’issue de l’Assemblée plénière de la conférence épiscopale des évêques, l’Eglise catholique à Madagascar a fait part de ses préoccupations en lien avec la pauvreté galopante et la précarité socio-économique de la population, dans son message adressé aux dirigeants, hier.

Sans ambages, les évêques ont souligné leur rôle prophétique et réitéré leur engagement à ne pas rester silencieux face aux souffrances du peuple. Ils ont carrément défilé toutes les litanies du saint, en évoquant les problèmes socioéconomiques rencontrés par la population actuellement, à l’exemple de la crise de l’électricité et de l’eau sans précédent qui exacerbe une situation déjà tendue. Les évêques ont qualifié ce manque d’accès aux services essentiels de «meurtre indirect», alors que l’eau est vitale pour la vie.

Malgré quelques efforts du gouvernement, comme accroître la capacité de production d’eau et d’électricité, les solutions proposées semblent dérisoires face à l’ampleur des problèmes. Le coût de la vie continue d’augmenter, rendant l’accès aux produits de première nécessité de plus en plus difficile. L’insécurité règne dans de nombreuses régions. Le système éducatif se dégrade, touchant tous les niveaux d’enseignement. Et le taux de chômage est en hausse constante.

Du coup, les dirigeants ne sont pas épargnés par les critiques. Les évêques dénoncent leur manque de réaction alors que le peuple semble avoir été conditionné à accepter la pauvreté comme un destin inéluctable. Ils pointent aussi du doigt l’accaparement de richesse par les minorités au pouvoir, au détriment de la majorité des Malgaches vivant dans une pauvreté extrême. C’est pourquoi la population ne fait plus confiance à l’Etat, comme l’a indiqué l’Eglise catholique.

Appel à l’action

L’Eglise appelle les dirigeants à agir plutôt que de parler. Seul l’intérêt général doit primer surtout en période de crise. Les évêques exhortent les responsables politiques à garantir une vie digne aux citoyens, en leur fournissant un accès adéquat aux besoins fondamentaux tels que l’eau, l’électricité, et l’éducation. Un véritable leadership contribue à résoudre les prob­lèmes touchant la population.

Selon l’enseignement du pape François, la politique doit viser le développement du pays et qu’il n’y a pas de développement sans la politique. Le sens même de la politique est le souci du bien commun. Toutefois, les dirigeants doivent être tenus responsab­les et travailler en collaboration avec le peup­le pour construire un avenir meilleur, tout en écoutant l’opposition. L’Eglise encourage également la population à ne pas rester passive et à s’engager activement dans le processus de développement communautaire sans trop attendre de la part des gouvernants.

«Construisons et protégeons la culture de la vie et non cette culture de la mort que nous vivons à présent» a souligné les évêques. Les médias sont également appelés à jouer davantage le rôle d’éducateurs de la population en disant la vérité et qu’ils soient leur porte-parole, a conclu le communiqué. A noter que l’évêque de Morondava, Marie Fabien Raharilamboniaina est réélu à la tête de la conférence épiscopale.

F.M

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