Environnement : le projet d’autoroute Antananarivo – Toamasina remonté à la COP29

La société civile poursuit son rôle de lanceur d’alerte. Hier, jeudi, des organisations nationales et internationales ont tenu une conférence de presse lors de la COP29 à Bakou pour attirer l’attention des dirigeants sur le projet d’autoroute dépendant d’Antananarivo à Toamasina. Selon elles, ce projet menace les forêts de Madagascar et pourrait aggraver la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire.

Les divergences autour du projet d’autoroute Antananarivo – Toamasina ont été soulevées lors de la COP29. Dans un communiqué publié par des organisations de la société civile, il est mentionné qu’une conférence de presse a eu lieu hier à la COP de Bakou pour aborder cette question. Plusieurs de ces organisations, tant locales qu’internationales, se sont déplacées spécialement pour attirer l’attention des dirigeants sur la situation à Madagascar. Elles dénoncent particulièrement la décision du Fonds monétaire international (FMI) d’accorder un prêt de 321 millions de dollars à Madagascar pour la résilience climatique, estimant que le projet d’autoroute est en contradiction totale avec cet objectif. Elles exigent donc que ce financement soit conditionné à la protection des forêts, essentielles pour la résilience que le FMI cherche à soutenir.

“Bien sûr, le financement climatique est crucial – Madagascar a même besoin d’un soutien plus élevé. Nous comprenons également l’objectif du gouvernement de moderniser ses infrastructures et nous apprécions les échanges tenus avec le gouvernement et le FMI. Mais nous demeurons très alarmés par les plans actuels qui menacent d’entraîner la destruction de forêts primaires à grande échelle, en totale incohérence avec le financement du FMI au titre de la résilience climatique du FMI”, afirment-elles dans leur communiqué. Elles s’inquiètent également sur le fait que “le FMI ferme les yeux” et accorde un financement de 658 millions de dollars, dont 321 millions destinés à la résilience climatique. “Nous exhortons le FMI à réévaluer d’urgence les conditions attachées à ce financement”, alarment-elles.

En effet, depuis le lancement du projet d’autoroute Antananarivo-Toamasina, des organisations de la société civile ont souligné que ce projet représentait une menace pour les forêts à Madagascar. Cette autoroute doit traverser deux aires protégées, Anjozorobe Angavo et le Corridor Ankeniheny-Zahamena (CAZ), qui contiennent plus de 10% des forêts primaires restantes de Madagascar. Elles regrettent qu’après plusieurs interpellations venant de leur part, aucune révision officielle du tracé n’a été annoncée. “Le gouvernement a même annoncé un deuxième projet, la “Route du Soleil” Nord-Sud, qui menace d’autres aires protégées”, regrettent-elles.

Outre la menace que ce projet fait peser sur les forêts malgaches, ces organisations craignent également qu’il mette en péril la biodiversité et entraîne la disparition de nombreuses espèces menacées, comme l’Indri. Une étude montrerait que “la construction de routes en forêt tropicale entraîne une déforestation massive. Dans un rayon de 50 km autour de nouvelles routes, jusqu’à 95% des forêts environnantes sont menacées. Les routes projetées ouvriront l’accès à l’exploitation illégale de bois, à la production de charbon, à l’agriculture sur brûlis et à l’exploitation minière, rendant la déforestation inévitable.”
Madagascar a perdu plus de 44% de ses forêts naturelles en 74 ans. Les autorités malgaches ont récemment affirmé que les pénuries d’eau et d’électricité sont également dues au changement climatique, les prélèvements devenant de plus en plus rares. Les membres de la société civile souhaitent interpeller non seulement les autorités malgaches et le FMI, mais aussi les partenaires internationaux afin que la préservation des aires protégées devienne un point central de leur dialogue avec Madagascar et une condition essentielle des financements. Ils sollicitent l’établissement d’un dialogue entre ces partenaires et les autorités malgaches pour trouver des solutions durables permettant de moderniser les infrastructures de transport et de soutenir les solutions viables qui seront identifiées.

Nambinina Jaozara

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