Le Syndicat des industries de Madagascar (Sim) n’a cessé de réaffirmer son engagement en faveur de la réindustrialisation du pays. D’aucuns ignorent que l’industrialisation est le moteur d’une croissance durable. Et l’industrie à Madagascar a connu un riche passé historique.
Bien souvent, on cite les cas de la Sotema à Mahajanga ou de l’usine de concentré de Tomate à Ambato-Boeny, mais plus avant encore, on avait déjà des industries de renom telle que la Sevima (production de conserve en boîte)… Pendant la période socialiste, de nombreuses industries sont nées (Zeren…). Mais finalement, ce n’était que des éléphants blancs.
Actuellement, on ne peut que constater la disparition de ces fleurons industriels. Pour différentes raisons, ces industries ont petit à petit disparu. Absence de stratégie ? Manque de vision à long terme ? On implantait certaines industries sans des études préalables bien ficelées.
Tel a été le cas de l’industrie qui devait exploiter l’anacarde à Mahajanga. L’usine avait été construite avant même qu’on ait fait pousser les premiers plants d’anacardier. On avait misé sur la collecte pour faire tourner l’unité industrielle pendant les premières années.
En fin de compte, ce sont les collecteurs qui se sont enrichis en taxant fort leurs produits. Certes, l’usine tournait mais à perte car le prix d’achat des produits collectés était trop élevé pour permettre à l’usine de dégager suffisamment une marge bénéficiaire. Finalement, le projet a été abandonné.
Aujourd’hui, on encourage l’agrobusiness. Mais du côté du ministère de l’Industrie, l’accent est plutôt mis sur la mise en place de petites unités de transformation des produits agricoles. Ces petites unités aident surtout les petits exploitants en leur permettant de transformer leurs produits, limitant ainsi les pertes.
Mais la capacité de ces petites unités ne permet pas d’exploiter une filière à une échelle véritablement industrielle. Il se pourrait bien que la production de ces petites unités soit avant tout destinée au marché local. Cela ne suffira jamais à satisfaire le marché international.
Une véritable industrialisation nécessite la mise en place d’une industrie lourde telle que la métallurgie. Comment peut-on parler d’une véritable industrialisation quand le pays ne produit même pas la plus petite aiguille à coudre en métal.
Pourtant, entre autres, le pays possède tout ce qui est nécessaire pour mettre en place une véritable industrie métallurgique. Le charbon de la Sakoa, le gisement de fer de Soalala (au Sud de Mahajanga)… n’attendent qu’à être exploités. Et le plus tôt sera le mieux.
D’autant plus que, aujourd’hui, de nombreuses usines sidérurgiques ont fermé leurs portes un peu partout dans le monde. On peut toujours en démanteler une et essayer de la monter dans le pays. Si une telle unité industrielle permettait de produire ne serait-ce que du fer rond dont la quantité importée chaque année est effarante, ce sera déjà ça de gagné !
Aimé Andrianina