Rasata Rafaravavitafika : « Madagascar, un acteur clé sur la scène internationale »

Plusieurs sommets internationaux attendent Madagascar pour 2025, et le ministère des Affaires étrangères (MAE) s’y prépare. Dans une interview accordée au journal Les Nouvelles, la MAE, Rasata Rafaravavitafika a exprimé son souhait de voir Madagascar devenir un acteur clé sur la scène internationale. Pour 2025, le MAE misera alors sur une diplomatie résolument orientée vers le développement économique.

-Les Nouvelles : 2024 arrive à son terme, comment pouvez-vous la résumer ?

*Rasata Rafaravavi­tafika : « Nous pouvons dire que cette année a été marquée par des victoires diplomatiques majeures. Madagascar est élu, jusqu’en septembre 2025, à la vice-présidence de l’Assemblée générale des Nations unies. Après d’intenses négociations, notre pays a également obtenu la nomination du Secrétaire gé­néral de la Commission de l’océan indien (COI) et accueil­lera le cinquième Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la COI en 2025. Nous avons accédé à la Troïka de la Sadc lors du 44e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Sadc, et le président Andry Rajoelina est le président entrant de la Sadc pour un mandat d’un an».
Il faut noter que la présence active de Madagascar à des rencontres internationales comme le Sommet de l’Avenir, le Sommet de l’OIF, le Comesa, le Focac, le Ticad, et Afrique-Russie, a consolidé notre position sur la scène internationale et renforcé nos partenariats stratégiques. Nous avons pu organiser les 9e et 10e éditions des Journées Interna­tionales des Régions dans les régions Sava et Diana. Cela, sans parler des signatures de nombreux protocoles et échanges de lettres d’accord cette année, s’alignant sur les trois piliers de la Politique Générale de l’Etat.

-Le gouvernement a procédé à la nomination de quelques ambassadeurs cette année, y en aura-t-il d’autres prochainement ?
*Les nominations d’ambassadeurs s’inscrivent dans le cadre du renforcement de notre diplomatie, visant à consolider les relations bilatérales et multilatérales de Madagascar avec ses partenaires stratégiques. Les nomi­nations sont en cours, et permettent de poursuivre efficacement notre mission de représenter les intérêts du pays à l’international. Dans cette optique, nous avons dernièrement nommé deux nouveaux ambassadeurs, le premier au royaume du Maroc et le second, aux Etats-Unis.
D’ailleurs, la protection des intérêts malgaches à l’étranger restera une priorité absolue, avec un renforcement des services consulaires pour répondre efficacement aux besoins de la diaspora et des citoyens malgaches à travers le monde. Le MAE prévoit alors l’ouverture de nouvelles représentations diplomatiques dès 2025, afin d’assurer une meilleure couverture et un soutien accru à nos compatriotes et à nos partenaires. Nous mettrons également en place de nouveaux outils numériques pour les usagers et organiserons davantage de portes ouvertes pour les emplois à l’international.

-Les derniers mois ont été assez mouvementés pour le MAE, pour ne citer que l’affaire de trafic d’or dont un chef de service au sein du ministère est cité. Où en est-on actuellement ?
*Dès la connaissance de cette affaire, le ministère a immédiatement saisi les autorités compétentes et déposé une plaine officielle. Une enquête a été menée et nous avons suspendu le contrat et le solde du concerné. Il s’agit d’ailleurs d’un acte de trahison envers la patrie que je condamne fermement. Le ministère affiche une tolérance zéro envers toute action portant atteinte à l’honneur et à l’intégrité de la Nation.

-Des mesures sont-elles prises pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise?
*Nous avons intensifié nos dispositifs d’audit interne, avec des contrôles plus fréquents et plus stricts des processus administratifs et financiers. Toutes les entités en charge de la lutte contre la corruption collaborent avec le ministère pour mettre en place une architecture de sécurité des données plus performante. De nouveaux protocoles de vérification et d’approbation seront aussi instaurés. Les responsables des services devront rendre compte de leurs activités de manière régulière.

-Cette année a également été marquée par la fermeture des frontières avec les Comores. Où en est la situation actuellement ?
*La situation avec les Co­mores a été gérée avec pragmatisme et diplomatie. La fermeture temporaire des frontières maritimes, décidée en réponse à la menace d’épidémie de choléra, était avant tout une mesure de précaution pour protéger la population. Une fois cette menace écartée, Madagascar a rouvert ses frontières, marquant ainsi la normalisation de ses relations avec les Co­mores, qui demeurent excellentes.

-Nous arrivons à l’aube de 2025, Madagascar accueil­lera plusieurs sommets internationaux, où en sont les préparatifs ?
*Avec l’arrivée de 2025, Madagascar se prépare activement à accueillir plusieurs sommets internationaux d’envergure, notamment ceux de la COI et de la Sadc, mais également le Youth Connekt en novembre 2025. Les préparatifs avancent bien, grâce à la mobilisation des commissions interministérielles qui travaillent de manière coordonnée pour assurer le succès de ces événements. Tous les efforts sont concentrés sur l’organisation logistique, la sécurité et la promotion de notre image de marque pour faire de ces sommets des réussites exemplaires.

-Quelles sont alors les perspectives du MAE pour la nouvelle année ?
*Le ministère s’engage à intensifier ses efforts pour positionner Madagascar comme un acteur clé sur la scène internationale. L’accent sera mis sur une diplomatie résolument orientée vers le développement économique, en renforçant les partenariats stratégiques avec les investisseurs, les institutions financières internationales. L’objectif est de créer un environnement propice aux investissements et de dynamiser les secteurs économiques prioritaires.
En matière de coopération régionale et internationale, le MAE poursuivra son rôle moteur au sein des or­ga­nisations telles que la Sadc, la COI, le Comesa et l’Union africaine, tout en consolidant les liens avec des institutions globales comme les Nations unies.

Propos recueillis par Tahina Navalona

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