Laisser la nature en décider

Selon Météo Mada­gas­car, une zone dép­ressionnaire pourrait se transformer en tempête à l’Est de la côte Nord-est de Madagas­car, vers la fin de cette semaine. Et Météo-France-Réunion de pour­suivre que ce système pourrait éventuel­lement se développer en tempête tropicale en milieu de semaine.
Si ce phénomène naturel se concrétisait, faut-il en sauter de joie ou en pleurer ? La ques­tion se justifie parce que si c’était le cas, les conséquences seront différentes pour chaque région touchée, même si le Nord-est du pays est la principale cible de cette éventuelle tem­pête tropicale.
D’un côté, on a ré­cemment vu ce qui pou­vait arriver avec une tempête tropicale. On a pu constater les dégâts provoqués par le passage de Chido à Mayotte et dans certains pays de l’Afri­que de l’Est. Les cicatrices qu’il a causées ont laissé des traces qui mettront du temps pour s’effacer.
Comme c’est la ré­gion Nord-est qui est menacée, on peut avoir une crainte pour la culture de la vanille. Déjà, certaines plantations de vanille ont souf­fert avec les dernières fortes pluies qui sont tombées dans cette ré­gion, il y a quel­ques se­maines.
La destruction des champs de vanille, com­me ce fut d’ailleurs le cas à Mayotte, porterait un coup fatal à l’économie du pays. Il ne faut pas oublier que la va­nille représente un des principaux produits d’ex­portation de Madagas­car et les recettes en devises qu’elle procure sont loin d’être négli­geables.
De l’autre côté, pour les cultivateurs, en particulier ceux qui sont sur les Hautes terres, qui dit tempête tropicale dans le Nord-est du pays signifie un espoir d’eau de pluie. C’est ce qui manque le plus actuellement aux cultivateurs qui désespèrent déjà de perdre leurs cultures à cause du manque d’eau.
Une tempête tropicale accompagnée d’une pluie en abondance permettra de sauver la culture rizicole. Il faut con­sidérer qu’une sécheresse prolongée détruirait toutes les récoltes. Et en conséquence, c’est la famine qui menacerait le pays car le riz reste toujours l’aliment de base des Malgaches.
De même, beaucoup d’eau de pluie apportera beaucoup d’autres avantages qui ne concer­nent pas uniquement l’agriculture. Beaucoup d’eau de pluie permettra à la centrale hydroélectrique d’Andekaleka de tourner à plein régime. Cela se traduira par une réduction sensible des délestages.
Outre les désagréments qu’ils provoquent, les délestages ont également des impacts négatifs sur l’économie du pays. Compte tenu de toutes ces probabilités somme toute non conciliables, le choix est difficile entre sauter de joie et pleurer. La meilleure des choses est de laisser la nature en décider.

Aimé Andrianina

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