Face à la flambée des prix du riz, le gouvernement malgache fixe comme priorité de maîtriser les coûts en augmentant la production nationale. Lors du dernier Conseil des ministres, il a été souligné que le pays dispose de stocks suffisants jusqu’à la récolte prévue en avril. Cependant, pour stabiliser les prix, il est jugé nécessaire d’importer des quantités supplémentaires de riz.
Les consommateurs montrent une préférence pour le riz local, mais celui-ci est souvent plus cher que les variétés importées. A cause de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat, les consommateurs se tournent davantage vers le riz importé. Actuellement, le prix du “kapoaka” de riz local, variété « makalioka », est de 1.200 ariary, alors qu’il ne devrait pas dépasser 1.000 ariary. Pour le riz importé, ce même volume coûte 850 ariary, avec un objectif fixé à moins de 800 ariary. Cette année, le pays vise une augmentation de 25 % de la production nationale, soit 1 million de tonnes supplémentaires.
Une baisse paradoxale des importations
Malgré ces objectifs, les importations de riz continuent de diminuer. Au premier semestre 2024, Madagascar a importé 125.251 tonnes de riz, contre 269.613 tonnes à la même période en 2023, soit une baisse de 144.362 tonnes. Le riz pakistanais domine les importations avec 105.078 tonnes, suivi du riz sud-coréen (10.002 tonnes) et du riz indien (7.804 tonnes).
Parallèlement, Madagascar demeure l’un des plus grands consommateurs de riz au monde. La consommation annuelle moyenne est estimée à 110 kg par habitant en 2022, soit environ 300 g par jour. En milieu rural, cette consommation varie selon les saisons et se concentre après la récolte. En milieu urbain, où le riz est consommé quotidiennement, la moyenne dépasse souvent 130 kg par an et par habitant. Comparée à d’autres pays, la consommation malgache reste importante : 127,5 kg en Chine, 104,8 kg en Inde, 261,3 kg au Bangladesh, ou encore 232 kg au Vietnam. En France, elle est bien inférieure, avec seulement 9,69 kg par habitant en 2021.
Une production en nette amélioration
Malgré sa forte consommation, Madagascar reste dépendant des importations pour combler ses besoins. Toutefois, ces dernières années, la production nationale a connu une hausse significative, passant de 4,03 millions de tonnes en 2018 à plus de 5 millions en 2023.
Selon la “Stratégie nationale de développement rizicole III”, cette amélioration est due à l’augmentation des surfaces cultivées et des rendements. Pour 2024, la FAO prévoit une production de 5,2 millions de tonnes, avec un objectif d’atteindre 6 millions de tonnes de paddy la même année. À l’horizon 2030, Madagascar espère produire 11,25 millions de tonnes.
Tiana Ramanoelina
Pour atteindre ces objectifs, la stratégie nationale fixe trois grandes étapes :
1. 2022-2024 : Augmenter la disponibilité physique du riz pour garantir l’autosuffisance, avec une production ciblée de 6 millions de tonnes en 2024.
2. 2025-2027 : Consolider les acquis, constituer des stocks de sécurité, et produire un surplus exportable. L’objectif est de produire 8 millions de tonnes en 2027.
3. 2028-2030 : Entrer dans une phase de croisière, avec une production de 11,25 millions de tonnes pour devenir un acteur majeur dans la sous-région et sur le marché international.
Madagascar ambitionne non seulement de répondre à ses besoins nationaux, mais aussi de se positionner comme un exportateur compétitif. Cette transition, basée sur une augmentation des rendements et une meilleure gestion des stocks, pourrait permettre au pays de devenir un véritable grenier rizicole régional d’ici 2030.