En leur âme et conscience

Il faut reconnaître qu’il existe une crise de confiance entre la Jus­tice et les citoyens à cause de la corruption. Ce n’est plus un secret pour personne. Mais toujours est-il qu’il fallait du courage pour dénoncer publiquement ce phénomène et re­connaître ainsi le mal qui ronge la société malgache.
Lors de la cérémonie marquant la rentrée judiciaire pour l’exercice 2025, le premier président par intérim près la Cour suprême a fran­chi le pas dans un discours qui ressemble à s’y méprendre à un mea culpa. Sans complaisance aucune, il a mis le doigt là où il fait mal.
Le problème est qu’il est tellement an­cré dans les esprits des justiciables que seule la corruption fait avancer les choses au niveau des tribunaux. De ce fait, pour ces justiciables, il est tout à fait naturel de recourir à des actes de corruption même quand ils sont profondément convaincus d’être du bon côté de la loi.
D’autant plus que cer­taines personnes ne man­quent pas de crier à qui veut l’entendre qu’elles tiennent la justice entre leur main et de se considérer au-dessus de la loi. Dans certains cas, les décisions de justice qui sont prises semblent le corroborer.
Cette méfiance grandissante à l’égard de la justice appliquée dans le pays est surtout palpab­le chez les citoyens les plus vulnérables suite aux actes illégaux perpétrés par certains membres du système judiciaire. Il ne s’agit pas seulement de certains magistrats mais également des membres du personnel judiciaire.
S’il est difficile de lutter contre la corruption au sein d’un corps de service à cause du corporatisme, il est encore mille fois plus difficile pour un homme seul de lutter contre les pratiques qui influencent le verdict de ceux qui ont pour responsabilité de rendre une décision de justice.
S’il fallait du courage pour dénoncer cette culture de la corruption, mieux encore, il faut maintenant prouver que tout le monde est égal vis-à-vis de la justice et que les interventions auprès des tribunaux n’y ont plus cours. Cela sera appréciable à travers les prochaines décisions de justice qui seront prononcées par les hommes de loi.
De toutes les façons, on n’avancera jamais assez dans cette lutte contre la corruption si tout le monde n’y met pas du sien, que ce soit ceux qui jugent ou bien ceux qui sont jugés. C’est la condition sine qua non pour dissiper cette crise de confiance à l’égard de la justice.
Bien évidemment, il ne s’agit pas de mettre tout le monde dans le même panier. Il serait erroné de dire que tout le monde au sein de la justice est corrompu. Cer­tains responsables de la justice à Madagascar font leur travail en toute im­partialité, en leur âme et conscience.

Aimé Andrianina

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