Une découverte importante vient renforcer les efforts de conservation sur la Grande île. Vanilla atsinananensis, une espèce de vanille sans feuille endémique à la côte Est, a été identifiée dans la Réserve naturelle intégrale de Betampona.
Cette plante rare, officiellement décrite en 2023, se distingue par ses fleurs spectaculaires de 15 cm, les plus imposantes parmi les 126 espèces connues de vanilles, dont 8 sont spécifiques à Madagascar.
Considérée “En danger” selon les critères de l’UICN, cette espèce suscite une inquiétude croissante. Son écologie et ses modes de reproduction demeurent largement méconnus. A l’échelle nationale, peu d’études ont été réalisées sur les interactions entre les vanilles et leurs pollinisateurs, un sujet crucial pour la préservation de la biodiversité.
Face à cette menace, un projet financé par le Mohamed bin Zayed Species Conservation Fund a été lancé fin 2023. Piloté par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en collaboration avec l’Université d’Antananarivo, le jardin botanique du Missouri (MBG) et l’ONG ADAFAM, ce programme vise à mieux comprendre et protéger la Vanilla atsinananensis.
Une confirmation attendue et salutaire
Lors d’une première mission, l’équipe scientifique a confirmé la présence de cette vanille dans la Réserve de Betampona, une zone protégée essentielle face à la disparition des forêts de basse altitude sur la côte Est. « Cette découverte à Betampona pourrait être un catalyseur pour intensifier les actions de conservation », explique le Dr Vincent Droissart (IRD), porteur principal du projet.
Cependant, la situation reste critique. La Vanilla atsinananensis ne subsiste aujourd’hui que dans deux localités : Betampona et la forêt d’Ambodiriana, près du village de Manompana. Bien que gérée par l’ONG Adafam, cette dernière ne bénéficie pas encore d’un statut de conservation officiel, malgré sa richesse exceptionnelle en biodiversité, notamment en orchidées.
Parmi les avancées réalisées, des observations sur la pollinisation de cette espèce ont été menées grâce à un matériel sophistiqué, incluant des caméras placées à 20 mètres de hauteur. «Ces données permettront de mieux comprendre les interactions nécessaires à la reproduction de cette vanille», affirme Kantoniaina Volana Randriamiarinjatovo, étudiante en master 2 impliquée dans le projet.
Deux nouvelles missions sont prévues cette année 2025, portant sur la dispersion des graines et un nouveau cycle de floraison. Ces efforts témoignent de l’urgence de préserver un patrimoine végétal unique, gravement menacé par la déforestation et le manque de protection formelle.
Arh.