En dernière instance

D’aucuns ignorent qu’en matière de tourisme à Madagascar, l’afflux des visiteurs se distingue en deux saisons bien distinctes : La haute saison et la basse saison. On l’aura deviné, c’est pendant la haute saison que le pays en­registre l’arrivée massive de touristes internationaux.
Si, globalement, la haute saison court de mai à novembre, la basse saison va de janvier à avril. Il n’y a pas de comparaison pos­sible entre ces deux saisons. Si pendant la haute saison, dans certaines régions, on con­naît une véritable sa­turation, pendant la basse saison, on constate une nette diminution de la fréquentation des visiteurs.
Bien évidemment, cette situation est à l’origine de bien de problèmes pour un grand nombre des acteurs du secteur du tourisme tels que les hôtels, les restaurants, les agences de voyage, les tours opérateurs… Pendant cette période, leur chiffre d’affaires respectif enregistre une baisse plus que sensible.
C’est ainsi qu’un nou­veau concept vient
d’être lancé, à savoir la
« désaisonnalisation ». Cette nouvelle vision vise à atténuer les variations de fréquentation touristique entre les pé­riodes de pointe (haute saison) et les moments creux (basse saison).
En théorie, cela dev­rait se faire par le biais de la promotion des offres touristiques à travers l’ensemble du territoire durant la basse saison, tout en étant convaincu que la Grande île bénéficie de trésors naturels et culturels dont on peut en profiter tout au long de l’année et pas seulement pendant les grandes vacances.
L’idée est bonne et présenterait plusieurs avantages si elle se réa­lisait. Mais il y a une chose essentielle et in­contournable, à savoir que la basse saison correspond à la saison des pluies à Madagascar. Et cela concerne le pays tout entier.
D’une semaine à l’autre, on peut enregistrer des perturbations mé­téorologiques qui peuvent aller des pluies diluviennes à un cyclone tropical en passant par la sécheresse dans certaines régions. On vient récemment de le vivre et on s’y trouve tou­jours. Du Nord au Sud, le pays tout entier a été bouleversé par les perturbations météorologi­ques qui se sont succédées.
Que viendrait faire un touriste international à Madagascar s’il est obligé de rester dans
sa chambre d’hôtel pendant tout son séjour dans le pays ? Evidem­ment, il n’ira pas déambuler dans les rues de Toliara avec de l’eau jusqu’aux chevilles, au moins !
Et malheureusement, on ne pourra pas mo­difier la période de pluie, ni la « désaisonnaliser », même avec tous les effets du changement climati­que. Qu’on le veuille ou non, il en sera toujours ainsi. C’est toujours la nature qui dé­cidera en dernière ins­tance.

Aimé Andrianina

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