190 ans de l’abolition de l’esclavage : Maurice perpétue le devoir de mémoire

L’île Maurice a rendez-vous avec l’histoire en commémorant le 190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, samedi au village du Morne, un lieu symbolique de la résistance et de la liberté.

Alors que le service météorologique de Maurice a annoncé l’arrivée imminente d’un cyclone, la cérémonie officielle a été maintenue. Le traditionnel dépôt de gerbe, conduite par le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam, a fait office d’inauguration de l’événement sur l’International Slave Route Monument, au pied de la montagne Le Morne Braban, classée patrimoine mondial par l’Unesco.
«La montagne du Morne est un témoin vivant des souffrances et de la résistance de nos ancêtres. Nous avons le devoir de transmettre à la jeune génération que l’histoire de l’esclavage ne concerne uniquement qu’une communauté, mais tout un pays», a-t-il souligné.
Des sites historiques comme le Bassin des esclaves à Pamplemousses et la Pointe Canon à Mahébourg ont également abrité une cérémonie de commémoration et d’hommage, vendredi et samedi en fin d’après-midi.
C’est un signal fort de la reconnaissance de l’Etat, envers le travail de mémoire accompli. Mais la population mauricienne est encore dans cette phase de résilience et d’acceptation de son passé, selon Stéphan Karg­hoo, directeur du Centre Nelson Mandela pour la culture créole et africaine.
«Il y a beaucoup à faire parce que nous avons connus 400 ans d’histoire de l’esclavage et nous sommes toujours en phase de résilience. Le fait est qu’il n’y a pas eu de deuil et forcément pas de remise en question. L’histoire n’est pas vraiment enseignée dans les écoles ici. Dans ce contexte, beaucoup de Mauriciens qui sont d’origine africaine ou malgache se posent des questions identitaires», confie-t-il.
Cet événement organisé à l’initiative du ministère mauricien des Arts et de la culture, a été aussi ponctué par une performance musicale des jeunes issues de différentes organisations et des lauréats du concours de slam-poésie portant sur le thème «Rezistans : Laliberte ek nou Leritaz».

Joachin Michaël

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