Mercredi des idées en goguette: Léger embelli ou tournant majeur ?

Chaque année, Ma­dagascar fait toujours partie des pays à la traine en matière de lutte contre la corruption. L’Indice de Per­ception de la Corrup­tion (IPC) de 2024, publié récemment par Transparency Interna­tional, classe le pays à la 140e place sur 180, avec un score de 26 sur 100. Une légère amélioration par rapport à 2023, mais qui reste insignifiante face à l’ampleur du problème.

La corruption, loin d’être un simple dysfonctionnement institutionnel, est devenue un mode de gouvernance qui gangrène toutes les sphères de
la société, que ce soit dans les régions reculées, où elle prend des formes plus insidieuses et destructrices, ou dans les grandes villes. En effet, dans les régions enclavées, l’absence de contrôle et de surveillance renforce le pouvoir des autorités locales, qui imposent leur loi aux populations vulnérables. La corruption y est souvent la seule façon d’accéder à certains services de base.

Au niveau national, la lutte contre la corruption est annoncée com­me une priorité depuis belle lurette mais les résultats restent dérisoires. Les organes de lutte contre la corruption, à l’instar du Bureau indépendant anti-corruption et du Service de renseignement financier manquent de moyens et peinent à se faire entendre. Tandis que les enquêtes sur les détournements se soldent rarement par des sanctions et que les im­munités accordées à certaines personnalités en­couragent la prolifération des abus. Comme en témoigne l’absence
de sanction et de con­damnation de la part
de la Haute cour de justice depuis sa mise en place.

Malgré ce tableau sombre, l’amélioration d’une place dans l’IPC et la hausse d’un point du score montrent que des efforts, même limités, commencent à porter leurs fruits. Récemment encore, Madagascar a adopté une nouvelle Stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLCC) couvrant la période 2025-2030. Selon les informations fournies, ce plan prévoit un renforcement des mécanismes de prévention, des sanctions plus sé­vères et une meilleure protection des lanceurs
d’alerte. Reste à voir si ces engagements seront appliqués de manière effective ou s’ils resteront, comme souvent, de simples discours sans résultat concret. Et donc, le moment n’est pas encore à la fête même s’il s’agit d’une avancée.

Quoi qu’il en soit, la corruption à Madagas­car n’est pas une fatalité. L’exemple de certains pays du continent ayant réussi à réduire signi­ficativement ce fléau montre que des réformes courageuses et une vo­lonté politique sincère peuvent inverser la tendance. Cependant, tant que les intérêts de quel­ques responsables continueront de dicter leur loi et tant que les citoyens n’auront pas les moyens de faire entendre leur voix sans crainte, la corruption continuera de gangréner le pays.

Avec ce léger embelli, Madagascar est à un tournant. Reste à savoir si c’est le début d’une réelle transformation ou d’une simple étape.

Rakoto

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