A tous les niveaux, des voix de plus en plus nombreuses se lèvent pour réclamer la relance des activités d’exploitation de sables minéralisés à Ranobe Toliara, au profit de toute la région Atsimo Andrefana. Après les opérateurs économiques, les notables et les autorités, les populations de Toliara unissent leurs voix, en créent même des associations pour se faire entendre.
Récemment, les populations des villages du littoral de Toliara I appellent à la réouverture de Base Toliara. D’une voix commune, les chefs fokontany estiment qu’il est désormais temps de débloquer la situation.
Dadany, chef fokontany Ankiembe Bas
«Toliara ne recense actuellement aucune entreprise de grande taille, encore moins pour nous qui vivons le long du littoral. L’Etat a exprimé sa volonté d’accompagner le développement de chaque région. C’est la même intention pour nous qui veillons aux intérêts de la population que nous avons en charge. La réouverture de Base est la meilleure façon pour l’Etat de traduire cette intention en action. Plusieurs travaux devront par ailleurs être entrepris comme pour la Digue d’Ankiembe Bas, où se déverse toute l’eau de la partie Sud de Toliara. Il y a également les routes en pavé ou encore la rénovation des bureaux de fokontany à faire ».
François Ramilison, chef Fokontany Mahavatse II Andrefana
«Notre village vit avant tout de la mer. Mais le nombre des personnes dépourvues d’emplois n’a cessé de croitre. Vivement le déblocage du projet de Base Toliara, dans les meilleurs délais et pourquoi pas en ce début d’année. Ce sera une décision de l’Etat dont nous serions reconnaissants. Ce projet nous permettra de sortir des difficultés quotidiennes. Outre les emplois que cette compagnie pourra offrir, nous espérons des dotations d’équipements pour nos activités de pêches».
Jean Claude, chef Fokontany Tsongobory
«Ce projet d’exploitation de Base Toliara n’a pas encore démarré, mais nous avons déjà bénéficié de ses projets sociaux, comme ceux touchant l’adduction d’eau potable ou encore l’éclairage public. Nous pouvons donc espérer davantage, une fois que son exploitation est réellement lancée. Nous espérons que Base Toliara poursuivra les travaux de Haute intensité de main d’œuvre (HIMO) qui ont permis de donner des emplois pour des centaines de personnes de notre fokontany. Nous avons par ailleurs pu apercevoir le développement des villages qui sont touchés par le projet d’exploitation d’ilménite de QMM à Taolagnaro. Nous rêvons de bénéficier des mêmes opportunités en plus de la chance pour nos enfants d’être embauchés. Aucune raison d’empêcher Base Toliara d’opérer».
Firmin Mahajanjy, Olobe dans le Fokontany d’Ankiembe Bas
«L’acheminement du minerai vers le port ne nous contraindra pas à cesser nos activités de pêche. Base Toliara, avec ses vedettes rapides, peut également nous aider notamment pour les opérations de sauvetage en cas d’accident maritime, qui est fréquent avec le mauvais temps. Même si ce n’est pas tout le monde qui pourra travailler pour le compte de cette compagnie, nous nous estimons déjà satisfaits de savoir qu’elle embauchera des Vezo. Nous ne souhaitons ainsi que la relance de ce projet d’envergure ».
Rafidison Rigobert, pêcheur d’Ambohitsabo
«Base Toliara nous a déjà dotés d’équipements de pêche et de matériels de conservation de produits halieutiques. Mais cette compagnie avait encore promis de nous accompagner davantage si nous acceptons le projet. C’est important pour nous puisque nous avons enregistré depuis ces derniers temps une baisse continuelle du rendement de nos activités de pêches et nous ne pouvons pas non plus continuer de les exercer avec les techniques traditionnelles. Il est temps pour nous de penser à une pêche qui suit les normes. C’est la raison pour laquelle nous appelons l’Etat à débloquer la situation de cette compagnie minière qui peut nous appuyer dans ce sens».
Dans la foulée, les habitants de Besakoa et Ambohitsabo se sont même constitués en associations pour réclamer l’ouverture de la compagnie.
Doroky Lovasoa Michael – Association Vezo Tea Longo (Fivetelo)
«Au début, nous faisions partie des opposants au projet, pensant notamment que l’exploitation engendrerait des maladies parmi la population, ou serait à l’origine de malformations dues à la radioactivité, selon les bruits qui avaient circulé. Mais nous avons fait le déplacement à Taolagnaro où une exploitation d’ilménite est déjà en cours depuis plusieurs années et, en plus d’avoir vu que la ville s’est considérablement développée, nous avons constaté que tout cela n’était que des rumeurs infondées et inexactes».
«Concernant la jetée prévue être construite à Andaboy, il n’a jamais été question de nous empêcher, nous, pêcheurs vezo, d’aller en mer pour nos activités de pêche quotidienne. Assez de mensonges, ne nous laissons pas leurrer, ne nous tirons pas nous-mêmes une balle dans le pied. Ce n’est pas uniquement pour nous que nous demandons la réouverture de Base Toliara, mais aussi pour nos enfants et les générations futures».
Nivo – Association Fivami, comptant près de 3.700 femmes membres
Du temps où Base Toliara tournait encore, nous avions notamment pu bénéficier de nombreuses formations dans un certain nombre de domaines : fabrication de savon, d’huile, couture… Nos fokontany n’ont pas route en pavé et la mer monte parfois jusque dans nos cours. Nous en avons discuté avec Base Toliara qui n’a pas hésité à renforcer la digue de protection.
Faute d’emploi, nos hommes doivent se rabattre sur les cyclo-pousses pour ne pas sombrer dans le banditisme, alors que si Base rouvrait, il y aurait du travail pour beaucoup. Nous n’en pouvons plus. Il n’y a pas d’emploi ni pour les hommes ni pour les femmes, pas d’entreprise ni usine à Toliara : Toly, Sumatex, Vifotsy n’existent plus. Nous vous supplions de rouvrir Base Toliara.
Razafindravony Georgette – Vice-présidente de l’Association Kintana Fahazavana Ambohitsabo
Nous voulons faire bouger les choses pour et auprès des jeunes. Nous refusons l’idée que Toliara soit un cimetière de projets. La réouverture de Base Toliara entraînera la création d’autres entreprises qui signifie autant d’emplois pour nos jeunes. Nous pourrons mettre à profit les formations que Base Toliara a fournies notamment en hôtellerie, restauration, services généraux… mais qui ne servent à rien pour le moment, car il n’y a tout simplement pas de travail.