Un serpent de mer

C’est ainsi que l’on peut qualifier le débat sur l’immunité, récemment ravivé suite à la prise de position du président du Sénat, qui s’est opposé à l’octroi d’une immunité aux maires. En affirmant que « les immunités freinent le développement » et qu’elles devraient même être retirées à ceux qui en bénéficient déjà, il s’attaque ainsi à un système de protection qui, dans les faits, constitue un obstacle à l’application stricte de la loi, notamment à l’encontre de certains élus.
Il faut reconnaître que la question de l’impunité est une plaie ouverte qui gangrène une partie de l’appareil étatique et mine la confiance des citoyens envers leurs institutions. L’immunité met des hauts responsables étatiques, élus et non élus, à l’abri de toutes poursuites judiciaires. C’est d’ailleurs pour cela que la Haute cour de justice peine à condamner des personnalités.
C’est dans ce contexte qu’il faut saluer la déclaration récente du président du Sénat affirmant que les immunités freinent le développement. Il s’agit d’un signal fort. Oser remettre en cause ces protections est une avancée, mais encore faut-il que cette volonté se traduise en actes. Ce qui n’est pas encore le cas jusqu’ici.
Car si l’on ne manque pas de discours sur la nécessité d’une justice égale pour tous, la réalité est encore toute autre. Aujourd’hui, la mise en accusation des hauts responsables demeure un parcours semé d’embûches. Pour engager des poursuites contre certaines catégories de personnes, il faut une autorisation ministérielle. Or, comme le rappelait l’ancienne présidente du Comité pour la sauvegarde de l’intégrité, ces autorisations sont systématiquement refusées, accordant de fait une protection absolue à certains fonctionnaires.
En tout cas, le pays ne pourra prétendre à un véritable développement sans une lutte réelle contre l’impunité. Ni plus ni moins.

Rakoto

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