Interrogé sur le rapatriement des crânes du souverain Toera et ses deux guerriers, actuellement conservés au musée de l’Homme à Paris, le secrétaire général du ministère de la Communication et de la culture (MCC), Fetra Rakotondrasoava, insiste sur le respect des us et coutumes de la communauté Sakalava Menabe.
*Les Nouvelles : Qu’en est-il du rapport final présenté au Conseil d’Etat français ?
– Fetra Rakotondrasoava : Pour l’heure, ni le gouvernement malgache ni le ministère de la Communication et de la culture n’ont reçu de notification officielle de la part de l’institution française. La lecture du rapport est en bonne voie. Rappelons qu’il s’agit d’une demande d’avis mais il appartient au Gouvernement français, par le biais de l’exécutif, d’élaborer un décret de restitution de restes humains appartenant aux collections publiques, actant ainsi le retour officiel de ces patrimoines au bercail.
* Une série de réunions préparatoires ont été organisées récemment dans la capitale ?
– Effectivement. Nous échangeons constamment avec la famille Kamamy et les gardiens des traditions au sein de la communauté Sakalava sur ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas, ce qui est souhaitable lors de la réception de ce patrimoine. Le MCC prône le respect des valeurs culturelles malgaches et notamment des traditions Sakalava du Menabe.
* Pour quelles raisons le processus de rapatriement a demandé beaucoup plus de temps ?
– Les crânes Sakalava ont été conservés en France depuis plus d’un siècle. D’où l’importance du travail d’identification. D’autant plus que les objets de collection au musée de l’Homme proviennent des quatre coins du monde. Il est vrai que les collections de restes humains portent des indications mais l’ancienneté des objets a rendu le travail des deux commissions d’autant plus complexe. Les travaux de recherche historique effectués par des chercheurs français comme Jacques Lombard et Klara Boyer-Rossol, ont permis d’enrichir les recherches de provenance historique et anthropologique. A cela s’ajoutent également les prélèvements d’ADN, la consultation d’archives malgaches, le carnet de notes d’anciens militaires français et de la tradition orale de la famille Kamamy.
* Quels sont les enjeux culturels et diplomatiques de cette restitution ?
– Il s’agit d’un long marathon qui a duré maintenant 130 ans, et nous sommes aujourd’hui dans la dernière ligne droite. Sur le volet historique, il est important de rappeler que Toera est le dernier souverain malgache à résister à l’administration coloniale. Faut-il préciser que 1/3 de la population malgache porte un ADN Sakalava. Raison pour laquelle ce rapatriement est une affaire nationale. Du point de vue diplomatique, le retour de ses crânes renforcera davantage les relations bilatérales séculaires entre la France et Madagascar.
Recueillis par Joachin Michaël