Evénement: le Morengy à la conquête de la Capitale

Le Morengy, un art martial ancestral de la partie septentrionale de la Grande île, s’invite dans la capitale tananarivienne. La toute première édition de « Morengy Iarivo » se déroulera ce 6 avril au Kianjan’ny Kanto Mahamasina. Geoffrey Gaspard, réalisateur et promoteur de l’événement, nous en dit un peu plus à ce sujet.

*Les Nouvelles : C’est pour la première fois que le Morengy aura lieu dans la Capitale…
– Geoffrey Gaspard : D’emblée, il con­vient de souligner que le Morengy a été inscrit en 2015 sur le registre national de la liste du Patrimoine culturel immatériel national, d’après l’arrêté n°13428/2015 du Minis­tère de la Culture et de l’Artisanat de l’épo­que. Le Morengy Iarivo est un projet de Koezy Com­pany et du club Boîte Noire en collaboration avec l’artiste Rossy, propriétaire du lieu de l’événement, le Kianjan’ny Kanto à Mahamasina, notre objectif commun étant la promotion des cultures malagasy. Le programme officiel avec la liste des combattants sortira ce week-end. Et je remercie le Minis­tère de la Communication et de la Culture de nous soutenir moralement dans notre initiative.

*A l’échelle régionale, il y a depuis quel­ques années une initiative d’inscrire cet art martial sur la liste du patrimoine de l’Unesco…
– Oui en effet, j’ai contribué à cette initiative à travers la réalisation de deux films documentaires sur
le Morengy. Au début, c’était une initiative de la Région Réunion en 2021 et 2022 mais malheureusement le projet n’a pas obtenu une suite favorable. Cela dit, mon dernier long-métrage documentaire
« Domboeza » (2024) met en avant les valeurs et la place du Morengy dans le Nord du pays. Et j’espère en faire la promotion au maximum à Madagascar et au niveau international pour que le public en général découvre un peu plus le Morengy.

*Quelle est l’histoire de cette discipline ?
– Le Morengy s’étend dans le royaume du Sakalava Maroseranana au 17e siècle, et a été pratiqué sur toute la côte Ouest, jusqu’à Diégo-Suarez dans le Nord du pays. Les royaumes Antakarana et Betsimisaraka se sont également appropriés cet art qui, depuis, est ancré dans la tradition. De nos jours, le Morengy est très pratiqué dans le Nord de Madagascar, c’est très populaire, des milliers de personnes y assistent chaque dimanche presque toute l’année, c’est-à-dire 10 mois sur 12. On peut même retrouver plein de vidéos de combats filmés par les animateurs, sur les réseaux sociaux, comme Facebook.

*Et le combat proprement dit ?
– Le Morengy est un match de « boxe » traditionnel malagasy sur de la terre battue, où les coups de poing et les coups de pieds sont permis, mais il n’y a pas de lutte ou de soumission à terre. Généralement, on met des bandes pour protéger les poignets et amortir les coups, mais il arrive que certains se battent à mains nues. Un combat compte 3 rounds de 30 secondes à 1 minute. Et les protagonistes peuvent gagner leur combat par KO, abandon de l’adversaire ou aux points.

*Pourquoi avoir choisi Tana?
– Nous avons pour objectif de promouvoir la culture du Morengy, à l’échelle nationale. Pour ce galop d’essai dans la capitale, l’idée est de rassembler les férus de sports de combat et notamment les pratiquants de Morengy originaires du Nord qui vivent dans la capitale. A terme, nous souhaitons identifier et accompagner des jeunes combattants originaires des régions Diana, Sofia, Alaotra Mangoro, Analamanga et Haute Ma­tsiatra à devenir des fanorolahy et fanorovavy, pour qu’ils puissent à leur tour, partager la culture du Morengy partout dans l’île.

Recueillis par Joachin Michaël

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