« Suis-je un bon employeur ? » Cette question peut paraître subjective, car chaque entreprise possède sa propre politique RH. Pourtant, il existe un moyen concret d’y répondre grâce à un test proposé par Best Places to Work. Ce programme international certifie les entreprises qui offrent les meilleures conditions de travail à leurs employés. Le label est attribué aux organisations qui se distinguent par une culture d’entreprise positive, un leadership inspirant, des opportunités de développement professionnel et un environnement de travail motivant. Fitahiana Harrison, représentante de Best Places to Work à Madagascar et dans l’océan Indien, revient sur les atouts de cette certification et l’enjeu pour les entreprises malgaches.
Comment le programme fonctionne concrètement ? Le processus de certification repose sur plusieurs étapes. Il débute par un audit à blanc réalisé auprès des employés, afin d’évaluer leur satisfaction sur divers aspects, notamment le climat de travail, l’engagement, les avantages sociaux et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Ensuite, une analyse approfondie des pratiques RH permet de mesurer les efforts de l’entreprise en matière de gestion des talents, de diversité, d’inclusion et de bien-être au travail. En parallèle, un questionnaire est soumis aux dirigeants afin de recueillir leur perception de l’entreprise. « L’objectif n’est pas de porter un jugement, mais d’analyser les écarts entre la perception des dirigeants et celle des collaborateurs, afin d’identifier les ajustements nécessaires. Par exemple, une entreprise peut s’évaluer à 50 alors que ses employés la perçoivent à 75, ce qui signifie qu’elle sous-estime la qualité de son environnement de travail. À l’inverse, il est également possible que l’entreprise se voie mieux positionnée que ce que ressentent réellement ses collaborateurs, ce qui met en lumière des points d’amélioration à prioriser », explique Fitahiana Harrison.
Le programme propose un accompagnement sur le long terme, pouvant s’étendre de un à cinq ans. Son objectif est d’aider les entreprises à mettre en place des actions concrètes pour améliorer durablement l’expérience collaborateur. Selon le site Best Places to Work, « les recherches montrent que les entreprises certifiées affichent des performances commerciales constantes sur le long terme, grâce à un engagement fort de leurs employés, un leadership inspirant et une gestion attentive des talents. Si je suis pleinement engagée dans mon entreprise, je vais naturellement donner le meilleur de moi-même pour assurer la satisfaction de mes clients. Un client satisfait est plus enclin à revenir, ce qui se traduit par une croissance du chiffre d’affaires. En ce sens, l’engagement des collaborateurs devient un levier stratégique pour la performance de l’entreprise », précise Fitahiana Harrison.
Best Places to Work ne se limite pas uniquement à l’obtention d’une certification. Une entreprise peut choisir d’intégrer le programme sans nécessairement viser immédiatement la certification. Elle peut ainsi s’engager dans une démarche d’amélioration de la qualité de vie au travail et de l’expérience collaborateur, sans pression de résultat immédiat. Cet accompagnement comprend plusieurs étapes clés : un audit à blanc pour évaluer la situation actuelle, l’élaboration d’une stratégie adaptée, des réflexions stratégiques avec la direction, la mise en place d’actions concrètes, le suivi des initiatives et un processus d’amélioration continue. L’ensemble de ces services est accessible à des tarifs adaptés au contexte local. « Pour l’entreprise, cela représente un investissement, car il s’agit d’une certification internationale. Cependant, il est important de comprendre qu’un employé engagé contribue directement à la satisfaction des clients, ce qui impacte positivement la performance globale », explique la représentante de Best Places to Work à Madagascar et dans l’Océan Indien.
A Madagascar, les programmes de certification comme Best Places to Work restent encore peu connus. Ils sont principalement présents dans les entreprises offshores et dans quelques grandes entreprises, à l’image de Ravinala Airports, l’une des premières à avoir obtenu la certification. « La notion de qualité de vie au travail et d’expérience collaborateur est encore méconnue dans le pays. Pourtant, à l’échelle internationale, et notamment en Europe, ces sujets sont devenus incontournables. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises disposent d’un Chief Happiness Officer (CHO), et des initiatives comme les crèches en entreprise ou les congés de paternité font partie des pratiques courantes. A Madagascar, ces concepts restent encore flous et peu développés.» Le programme vise à sensibiliser et introduire la notion de qualité de vie au travail, aussi bien auprès des employeurs que des employés. Il s’agit de leur faire prendre conscience de son importance et de l’intégrer dans leur vision de l’entreprise. Cette démarche est déjà bien ancrée à l’international, et l’enjeu est désormais de la développer à Madagascar.
« Lorsqu’un talent est à la recherche d’un emploi, il privilégie naturellement les entreprises qui offrent un environnement de travail épanouissant. Nos jeunes diplômés, qui s’apprêtent à entrer sur le marché du travail, choisiront en priorité une entreprise où il fait bon de travailler avant de se tourner vers la concurrence. Obtenir la certification Best Places to Work représente donc un atout majeur pour attirer ces talents. Une entreprise certifiée a plus de chances de capter et de retenir les meilleurs profils. Au-delà de l’attractivité, la certification joue également un rôle clé dans la marque employeur. Elle renforce l’image de l’entreprise en tant qu’employeur de choix, ce qui la rend plus compétitive sur le marché du travail. Enfin, un enjeu essentiel reste la fidélisation des talents. Trouver la bonne personne pour un poste est une chose, mais savoir la garder en est une autre. Best Places to Work ne se limite pas à l’attraction des talents, il permet aussi de les retenir grâce à un programme structuré qui veille au bien-être et à l’épanouissement des collaborateurs », explique Fitahiana Harrison.
Pour l’instant, ce concept reste peu connu dans le pays, mais l’équipe de Best Places to Work croit en son potentiel. Ils espèrent contribuer, à leur échelle, à bâtir un environnement professionnel où l’expérience collaborateur devient une priorité et un véritable levier de performance. Best Places to Work est présent dans de nombreux pays à travers le monde. Le fait qu’il soit représenté à Madagascar et dans l’Océan Indien représente un atout, car le programme est piloté par une équipe locale qui accompagne directement les entreprises. Les échanges sont ainsi plus fluides et mieux adaptés aux réalités du marché malgache. De plus, l’équipe locale assure la traduction des questionnaires en malgache, en français ou en anglais, selon les besoins des entreprises.
Nambinina Jaozara
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